• La tête emplie de souvenirs, nous avons reprit la route pour rentrer dans nos pénates à Bobigny. Il faisait beau. Mon R5 et moi faisions bon ménage et nous nous régalions sur les nationales. La traversée du cantal m’amusait beaucoup. Il y avait de longues descentes suivies de remontées et je me prenais pour un cow boy sur son cheval. Le nez à l’air, les cheveux dans le vent (je roulais toutes vitres béantes), je m’imaginais dévalant à grand galop, un lasso à la main et un flingue sur le côté, face à l’adversaire qui fonçait de la pente d’en face. Cow boy ou combat chevaleresque………enfin, je faisais mon cinéma. Mon mari était bien sage sur son siège et il le devait car, m’ayant passablement énervée dès le départ, j’avais stoppé net la voiture et l’avais prié de descendre avec tellement de conviction qu’il n’eut pas le choix et se retrouva sur le bas côté. Dans ma colère et aussi pour bien lui faire comprendre qu’il ne fallait pas jouer avec mes nerfs, je l’avais laissé là et c’est 2 km plus loin que j’attendis qu’il réapparaisse. 

    Voilà : nous sommes rentrés. Je reprends ma vie de femme au foyer. Heureusement que j’ai mon fils car il agrémente bien mes journées. Mon mari se comportait à merveille avec C….. et il décida d’aller le reconnaître à la mairie puisque son vrai père ne l’avait pas fait. J’ai trouvé l’idée généreuse. Il avait des bons côtés quand même, ce bougre ! Chose dite, chose faite. C… porte maintenant le nom de mon mari. Il se nomme CC. 

    Puisque je venais de toucher l’assurance vie de maman, je décidais de meubler l’appartement. J’ai acheté un living, un canapé d’angle, une chambre pour C… et une pour nous, des tapis……… J’appréciais ce confort et nous passions nos soirées, une bière à la main……..(encore !), à regarder la télé enfoncés douillettement dans le velours du canapé, bercés par une lumière tamisée. D’une bière, mon mari est passé à 2, puis 3 puis carrément le pack. Cela commençait à devenir chaud bouillant……….Il faut savoir que dans son métier de patissier, on ne lésine pas sur l’alcool. Dans les gâteaux, ils mettent des extraits d’alcool et bien souvent finissent les fonds………surtout lorsqu’ils travaillent de nuit. Mon mari travaillait de jour mais les coutumes patissières ne l’effrayaient pas. Il s’était très bien adapté à son milieu professionnel………. 

    Avec l’argent restant, j’avais toujours dans l’idée d’acheter une petite maison. Je dis petite car je ne voulais pas faire de crédit. Il vaut mieux un petit chez soi qu’un grand chez les autres. Et je voulais être propriétaire car j’estime que les loyers sont de l’argent jeté par les fenêtres. En 1975, ils n’étaient pas abusifs comme aujourd’hui mais à force d’être locataire, on n’accède jamais à la propriété et au bout de sa vie, on n’a rien. 

    Nous avons visité plusieurs maisons de ville qui me plaisaient bien mais nous n’avons jamais pu conclure car mon mari avait toujours un pet de travers ! jamais content, jamais d’accord ! En fait, il avait des envies de luxe et ma petite chaumière ne pouvait pas le contenter. A force de trop vouloir, on n’a rien. Non, rien de rien ! 

    Comprenant que je ne pourrais pas réaliser mon rêve avec lui, j’ai décidé d’acheter un petit logement à Aubervilliers en seine St Denis, afin de le louer. Au moins, je sauvais un peu du capital ! je savais maintenant que mon mari dilapiderait le magot à se comporter avec ses gros sabots comme s’il était Crésus. J’ai vite trouvé des locataires roumains. Je n’avais évidemment pas fait de contrat de mariage et nous faisions compte commun. Je pensais qu’entre époux, on se devait la confiance réciproque. 

    Le canapé, les locataires, les ballades en R5 : c’était bien mais le ménage à longueur de journée……. ! pouaf ! c’était pas mon truc. J’aime que la maison soit propre mais je ne suis pas une maniaque. D’ailleurs, je trouve qu’une maison trop bien rangée ne respire pas la vie. Il faut qu’on sente le mouvement, que les magazines trainent sur le canapé, que le sol nous rappelle qu’on est passé par là. Je hais les patins pour ne pas railler le parquet. Je hais le verre que l’on ne peut pas poser sur le buffet pour ne pas faire de trace. Je hais la poussière qu’on enlève à grosses suées et qui revient sans cesse nous narguer. Alors, dans ma caboche, j’entamais une grande réflexion avec moi même. Je cherchais le moyen de travailler tout en restant à la maison puisque le bon vouloir de mon mari semblait être qu’on me nomme « Conchita ». Ca cogitait dur dans mon cerveau……..  

     

    ..........63ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................    


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  • Juste pour partager avec vous un petit message sympa qu'un ami m'a transmis..........

    BoMMe  aMMée

    J'ai remplacé les Haine par des Aime


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  • Au cours de ces retrouvailles familiales, j’ai aussi pu voir tatie J….. Elle était venue spécialement de Nice où elle habite. Du côté de mon père, ils étaient 4 enfants : 2 garçons et 2 filles. Les garçons ont eu des filles et les filles ont eu des garçons. Quant à ma génération, toutes les filles ont eu un garçon en premier, puis au moins une fille………le choix du roi ! 

    J’étais fan de tatie J…. Elle était jolie, élégante et sans souci. Lors des quelques vacances passées à Nice, j’avais plaisir à la voir pin upant sur les galets de la plage « beau rivage ». On aurait dit une star. Bikini et lunettes noires, chapeautée et ne se baignant jamais. Elle captait le soleil et le regard des autres, avec une certaine ardeur. Je n’aimais pas les galets. Cela fait mal aux pieds et pour entrer dans l’eau, pour peu qu’il y ait un peu de remou (très rare à la méditerranée mais j’ai quand même essuyé de belles vagues), les galets roulaient sur nos chevilles. Pour pallier à ce désagrément, Mameth (voir épisodes 24 et 26 dans la catégorie biographie) nous avait équipées, mes sœurs et moi, de chaussures en plastique. Ma sœur V…., friande d’expériences en tous genres, avait jeté une de ses 2 chaussures, au loin dans les flots………juste pour voir si elle flottait la chaussure. Elle avait déjà fait le même coup avec son cartable dans le loiret (voir 3ème épisode). Ne voyant pas sa chaussure remonter à la surface, elle s’enquerrit d’un masque de plongée et partit à la pêche à la pompe………….qui fut déclarée échouée quelques heures plus tard. 

    Pour en revenir à tatie J…., elle m’avait acheté une superbe robe courte bleu marines à fleurs. Cette robe m’allait comme un gant et j’étais fière de traverser les jardins de Nice en compagnie de ma tatie. Cette robe me valut d’ailleurs la vie sauve lorsque j’ai refusé la demande en mariage de C….. (le militaire : 26è épisode), car très chagriné, il était venu à Paris pour me casser la figure et s’est arrêté dans son élan lorsqu’il m’a vue vêtue ainsi………….l’amour l’avait raisonné…………le cœur a des raisons que la raison ignore , selon le vieil adage. 

    Tatie était mariée à R…. qui avait un métier qui m’a toujours fait rire. Il était, tenez vous bien les côtes, inspecteur des travaux finis ! Si, si………ça existe ! Il était détaché au Gabon et tatie le suivit dans cette contrée. Elle dut malheureusement rentrer en France très vite car elle avait chopé une saloperie aux intestins. Elle traina ce mal des années et des années et souffrait beaucoup. Sur les hauteurs de nice, elle habitait dans un appartement luxueux. Je lui ai rendu visite une fois avec mon mari. Je me souviens de sa réflexion alors que je ne lâchais pas mon verre de bière « tu la chauffes, ta bière ? ». J’avais été très vexée………….nous n’avions pas les mêmes valeurs. Dans ce beau monde, on laisse le verre sur la table et on la sirote par petites gorgées, du bout des lèvres en faisant attention de ne pas alterrer le rouge à lèvres. Moi, je discutais, le verre à la main, à mon aise. Dans ce beau monde, on est coincés du c…….. ! on se laisse aller en privé mais pas devant les autres. Tout n’est qu’apparence.

    ..........62ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................    


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  • Se retrouver Gros-jean comme devant

                                              Voir ses illusions se dissiper


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  • Clic sur la photo     .Rendez vous est prit avec mon oncle R….. « Oui, mais où dormirez vous ? » ………euh « Ben, je pensais que tu pouvais nous loger quelques jours ». Première déception ! il faut dire que toute la famille dans le midi possède chacun au minimum une maison sur 2 étages avec jardin, voire plus. Mon oncle R…. habite au faîte d’une colline avec sa femme. Leur fille F…. (ma cousine avec qui j’ai 8 jours d’écart), vit avec son concubin. L’étage surplombant la vallée où siffle le train la nuit, semblant déchirer la campagne, est inhabité depuis le décès de grand mère. Je me souviens que, petite, grand mère me confectionnait des tartines de beurre miélées, tout en scrutant les champs de blés au son de ratio RTL. L’étage se compose d’une chambre, une cuisine, une salle de bains et un piano. Il y a de la place ! j’ai compris que la douleur par rapport à grand mère prenait le dessus et il fallait laisser intacte la place. Je n’ai pas tenu rigueur à mon oncle, bien que ne partageant pas son point de vue mais grand mère, c’était sa mère à lui et on lui doit le respect. Grand mère me recevait bien lors des vacances de pâques. Je passais des journées entières dans sa petite cabane, en bas de la ruelle coupée par le caniveau comme on en voit beaucoup dans l’aude. Grand mère avait un élevage de poussins qu’elle revendait au marché et à la coopérative du coin. Elle avait également un pigeonnier et chaque dimanche, nous mangions du pigeon roti au four. Un jour, je l’ai vue faire le coup du lapin à un lapin pour qu’il finisse dans la marmite. J’ai été très choquée ! Entre le cabanon et la vieille porte, se tenait, majestueux, un figuier. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs ! non seulement je le dépouillais de ses fruits mais il devait en plus supporter mon poids. J’ai de l’amour pour les figuiers. Avec grand mère, je n’ai que de bons souvenirs.

    Tonton R… s’arrangea avec sa sœur A….. (au passage, la sœur de tonton, c’est ma tante ! ) pour nous loger chez elle, à Carcassonne.

    Nous arrivons à Carcassonne. Dans le jardin de ma tante, il y a un superbe palmier. La maison est jolie. Ma tante et mon oncle sont tous petits et malformés de naissance. Ils ont trouvé le bonheur ensemble et ont eu 3 beaux garçons. Tatie nous reçut comme il se doit dans ces familles de notables, c’est à dire avec courtoisie. Je l’aimais bien. Elle faisait tourner les tables et les verres. Je l’ai vu de mes yeux, vu. Au bout de 2 jours, elle me dit être fatiguée et préfèrerait que nous allions chez tonton R….. Elle s’arrange avec lui et finalement nous nous installons dans cet étage où la présence de grand mère était toujours si évidente. Tonton nous emmena voir un spectacle avec le comique Fernand Raynaud……….pliés de rire ! Tonton R… nous fit aussi un cadeau de mariage : une belle planche à repasser. Quelques jours avant notre départ pour la capitale, tonton R…. me conseille de mettre fin à la tutelle puisque je suis maintenant majeure et, de surcroît, mariée. J’acquiesse. C’est vrai que je n’y avais pas pensé. Tonton R…. prend rendez vous chez le notaire, sur la place de Castelnaudary. Bon accueil, discussions amicales (Tonton était pote avec le notaire) et puis le notaire me présente la facture. 5000 francs pour cesser la tutelle ! nous sommes en 1975 et cette somme représente une petite fortune ! ……….je fais la moue ………………. Mais je paie. J’aurais aimée être prévenue. Mon oncle n’a pas réalisé que, ne m’étant éduquée pratiquement que par moi même depuis le décès de papa, je ne connaissais rien à rien aux lois et procédures. Il a été surpris de mon étonnement. Comme quoi, assumer une tutelle avec 800 km de distance et pratiquement aucune communication, est d’une absurdité inégalable.

    ..........61ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................       


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