Alternance d’averses glaciales,

Limite grêlons et d’arcs-en-ciel

La nuit tombante défie les rafales

Se mêlant au coucher de soleil

La luminosité découpe les sommets

Les lumières de la ville scintillent

Une mer or et argent ondule en ballet

Mettant en valeur une palette habile

Bleu-roi bordé de dorures, blanc cotonneux

Bleu-bleuet des montagnes, halo de la lune

Au passage d’une étoile filante faire un vœu

Remercier les anges pour cette bonne fortune

Nous sommes en pays Voironnais avec ses lacs,

Ses rivières, ses forêts et vallées, ses marais

Ses altitudes offrant la magie des paysages

Sa lumière à inspirer peintres et poètes.

Des champs de noyers à perte de vue

Nous sommes dans un pays à la noix

Un léger voile se dessine au crépuscule

Formant halos autour de troncs déjà froids

C’est toujours par les pieds qu’on s’embrume

Dans un éternuement éolien, les noix choient

Quelques promeneurs en font bonne fortune

Avant que les artisans ne les mènent au séchoir

La route était délicieuse hormis ces motards

Qui, j’ose le dire, me cassaient menu les noix

Il s’ensuivit illico une course avec gyrophares

Ici, nulle place pour le tintamarre, l’art fait loi

Ils se sont fait gauler et j’ai pu joindre Vinay

Ils doivent se retourner dans leurs coquilles

Ces sacrés cocos à la noix ! Vive les valeurs vraies

Allons goûter ce fameux vin à la robe dorée

Saviez-vous qu’il se prépare avec des noix vertes ?

Accompagnons ce petit délice de gourmandises

Du genre macarons moelleux aux noix et au miel,

Chocolats fourrés à la crème de noix. Qu’on se le dise !

Les noyers ne sont pas péché, j’en fais foi

Les traditions ancestrales sont de bon choix

Désormais je teinte mes cheveux au brou

La noix, ce petit joyau, n’est-elle pas chou ?

A la conquête du jardin de Saint-Cassien

Jules le lézard a envoyé toutes ses troupes

Elles ont fière allure sur le petit chemin

Vêtues d’écailles, griffes en coupe-coupe

Courtes sur pattes et véloces

Elles mettent les salades à la noce

La tactique est féroce

Au mirador les artichauts veillent au grain

En rang d’oignons, les blettes pas bêtes

Guettent l’ennemi, s’affairent au chagrin

Les tomates brandissent piquets, s’apprêtent

Mais c’est qu’ils courent à quatre pattes ces reptiles !

Visiblement il y a anguille sous roche, ils se faufilent

La ruse est-elle arme de guerre ? La tactique est subtile

Et voici l’artillerie lourde, pastèques et potirons

Écrasent tout, désarmant Jules. Il invoque les dieux

Zeus en colère lance des hallebardes, c’est la rébellion

Il n’y a pas de lézard. Vexé, Jules capitule peu glorieux.

Trop fort ! C’est où ça Saou, dites-moi où

C’est le bout du bout du monde, un trou

Un joli trou Mesdames, de très bon goût

Ça bouge bien au chemin des galets rouges

Où les ateliers d’art content et font mouche

Je flâne dans la médiévale rue de l’Oume

Place des Cagnards, Mozart joue en boucle

Café sous les platanes : j’ôte mes babouches

M’imprégnant des dessous charmeurs de Saou

Du haut de la Poupoune, juchée sur une souche

Je savoure ma première truffe en fine bouche

Les Trois Becs sont de la dentelle aigre-douce

Les roches semblent cousues-main. Ami de route

Si l’on te parle un jour d’un paradis nommé Saou

Viens te ressourcer, viens t’y griser tout ton soûl.

 Sculpture de Jean Rosset

Les tam-tams résonnent

En écho à la dent de Crolles

Entendez-vous gémir

Les totems et leurs rides ?

Rides finement ciselées

Dévoilant l’âme des forêts

Visages sculptés en veines

Émotions secrètes au domaine

Domaine quasi abandonné

Laissant libre-cours à la pensée

Le bois craque et nous conte

L’histoire d’un château sans honte

Sans honte marchons sur la mosaïque

D’un passé aux senteurs magiques

Les coins et recoins furent complices

D’amours discrètes et non sans malice.