• Cette année là,  nous avions décidé de prendre le p’tit dèj ensemble pour fêter ses 36 ans. Je lui avais préparé une table sympathique, ornée de gâteaux et bougies. Près de son bol 2 paquets de cigarettes et une poignée de jeux de hasard l’attendaient. Il arriva avec les croissants alors que j’étais encore sous la douche. Ce p’tit dèj nous a bien plu. Tout au long de la journée, je lui avais préparé des surprises : pour exemple ce lotus note qu’il trouva dès son arrivée à l’usine :

                
    Objet :   36 chandelles

    Joyeux Anniversaire.....Mes voeux les plus sincères

    ..BECO. Arielle 

    Et sa réponse :  Réf. : 36 chandelles 

    C EST LA FETE AU VILLAGE

    MERCI ENCORE POUR L ACCEUIL DE CE MATIN

    ORIGINAL COMME D HAB

    BISES

    FR………..

     

    ET ma ref réponse puisqu’internet reprend autant de fois l’abrégé « ref » qu’ il y a de réponses. Parfois, j’ai une ligne entière de ref : donc….

    Objet :   Réf. : Réf. : 36 chandelles 

    Histoire à suivre..........regarde ton courrier et prépare toi pour le gibier lundi (à propos : tu as réservé le tos pour mardi avec Alex et Jacquot et nous deux ?)

    L'originalité est dans la force de mes sentiments pour toi et j'espère bien te faire du bien encore très très très longtemps

    J'ai repris 50 balles de jeux......on grattera  à l'heure de la mousse cet ap midi. J'aimerais bien te faire gagner le jack pot.........on ferait la fête au village........Merlimont ??

    Beco..Bingo......arielle

     

    En fin d’après midi, nous bûmes une mousse et il m’a dit et redit « merci  pour toutes ces choses ». Il était évident que je l’avais rendu joyeux ». Tel était mon but et je m’y tenais : je voulais le savoir heureux.

    J’avais prévu de lui faire la suite de mon cadeau, le lundi d’après. Nous avions parié un resto un jour et j’avais perdu. Et bien, elle se présentait, l’occas ! C’était moi qui l’invitais cette fois ci….pour ses 36 balais.

    L’invitation fut tout à fait réussie.

    Le restaurant où nous avions projeté d’aller était exceptionnellement fermé ce jour ! Evidemment. Nous nous sommes donc rabattus sur un autre lieu de délices, à quelques mètres de là. Cuisine traditionnelle et patronne d’exception. Elle était ch’ti et très sympathique. Elle donnait envie de faire la fête avec elle. La qualité de la nourriture était très respectable. Nous passâmes un bon moment. La patronne nous parlait en ch’ti et Fr…… adorait çà. Il écarquillait les yeux comme un enfant et souriait de son plus beau sourire. A un moment, elle  s’adressa à mon amour et dit dans sa phrase « votre femme » en parlant de moi. J’avais relevé mais faisais mine de rien et me sentait flattée que les gens pensent que je pouvais être sa moitié. Fr…… n’eut pas un air de ne pas en avoir l’air et me regarda amusé, puis me fit remarquer « elle a dit : votre femme …..C’est vrai ?….Ca se voit ?» « Bien sûr que oui. C’est évident, nous sommes si proches : même si nous voulions cacher nos sentiments, l’amour transparaît. Bien sûr qu’elle croit que je suis ta femme » « Oui, le naturel revient au galop, il va falloir que l’on fasse attention ! ». Cela semblait pourtant lui faire plaisir et j’estimais que cette réflexion était un pas dans notre avancement. J’espérais que cette maladresse d’une inconnue allait le faire réfléchir et réaliser enfin que nous formions un couple : un vrai de vrai.

    Il m’annonça que la semaine prochaine, sa femme partirait à Merlimont avec les enfants pour les vacances scolaires , que nous allions pouvoir nous voir. Je lui rétorquais « au moins une nuit…2, 3, 4 ? ? En tous cas jusque vendredi matin puisqu’après je pars à Voiron pour l’anniversaire de mon fils C…… ». Il acquiesça et j’avais bon espoir mais il ne put s’empêcher de me dire, quand même, que rien n’était joué, que sa femme pouvait encore changer d’avis.

    Il fallait bien qu’il pimente un peu………..

    Je misais beaucoup sur cette semaine car c’était l’occasion de voir si nous savions vivre ensemble.

    Nous finîmes la journée à la maison : entre pousse café et « casse croute » bien à nous. Il était arrivé avant moi car je m’étais arrêtée au tabac et j’avais adoré, beaucoup apprécié rentrer chez moi et qu’il y soit déjà. Il était entré avec sa clef, avait prit le courrier et s’était mit à l’aise en m’attendant, se demandant bien ce que je faisais. Il était chez lui : « finger in the nose » et cela me comblait de joie. Il se servait de plus en plus de sa clef. J’en étais enchantée.

    Première journée de liberté, c’était restaurant portugais avec ses potes et moi. Je rêvais qu’il ne cache pas notre amour devant ses potes mais là…………..c’était du melliflu, un vieux fantasme ! Notre histoire n’était pas ni fleur bleue, ni à l’eau de rose ……….alea jacta est !

    Il  essaya bien de le cacher mais …rien à faire ! Cela se voyait et ses potes n’étaient pas dupes. Alex ne pu s’empêcher de balancer « tu as une femme sympathique » sur quoi Fr….. répondit « pas toujours ! » sur un ton déterminé. Alex – ce vieux salopard (paix à son âme) –  insista lourdement et Fr…… maintint son « pas toujours » très agacé et toujours déterminé. Je regardais nonchalamment le joli plafond tout blanc, orné de décorations à l’ancienne, mais je n’en pensais pas moins. Je trouvais plutôt déplacée ce genre de remarque. Qu’est ce que ça pouvait bien lui faire à Alex que nous soyions ensemble ? De quoi tentait t-il de se mêler ? Ou alors il aura voulu faire avouer à Fr….. ! Je n’aime pas cette mentalité. A aucun moment, il ne s’était dit que Fr….. pouvait être malheureux quelque part. Jacquot fut très bien : toujours égal à lui même, c’est à dire peu bavard et très discret. J’aimais bien Jacquot.

    Nous avons mangé un cataplan aux fruits de mer. Quel délice ! C’est cuit dans une sorte de bouillotte en cuivre reposant sur un nid de gros sel pour garder l’humidité et ça mijote encore sur la table.  Je m’étais régalée ! Nous avions fait tout le repas au vin blanc et j’avoue que cela me fit un effet pétillant ! J’étais en pleine forme. Alex m’énervait aussi car il ramènait toujours sa science. Il prétendait savoir tout sur tout. Il connaissait les vins à la perfection….n’empêche que Fr….. ne l’aima pas trop, son choix de vin blanc. Je trouvais qu’Alex bluffait beaucoup et voulait jouer les grands ducs. Je ne l’appréciais pas plus que ça. Il était souvent désagréable par style, se donnait un genre…. Dans tous les cas, ce n’était pas le mien mais Fr….. en avait plein la vue de ce gandin et je respectais…..…pour lui.

    Nous reprîmes le boulot vers 15h, un peu éméchés. J’étais contente d’avoir passé ce moment aux côtés de mon amour. Il me regardait beaucoup pendant le repas et semblait boire mes paroles. J’aimais qu’il me regarde.

    ......233ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie..............


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  • Petit hommage que Jean Gennaro rend à Luc Hazebrouck (Clic sur Luc mais en douceur !)

    Lettre de Janot à son cousin Lucco 
    Cergy, le 14 juin 2008

     

     

    Mon cher Lucco,

      

    Il faut que je te raconte la dernière qui m’est arrivée.

    Je viens de m’apercevoir qu’une femme vivait chez moi à mon insu.femme_ideal-131.jpg

    Comment cela est-il possible ? Eh bien je me le demande encore.

    Figure-toi que cette fille profitait clandestinement de ma maison depuis six bons mois. Elle s’était fait un nid dans le vide sanitaire de ma maison – sous la terrasse, pour être plus précis. Malin, n’est-ce pas ? Le meilleur moyen de passer inaperçu n’est-il pas d’occuper un vide ?

    Dès que je l’ai découverte j’ai prévenu les autorités. Lesquelles, en venant arrêter ce parasite par ailleurs non dénué de charme, se sont dites surprises de mon ignorance totale quant à la présence de cette femme dans mes pénates. Un étonnement bien légitime, je le reconnais.

    Je leur ai expliqué que mon métier exigeait de fréquents déplacements et que j’étais tout compte fait plus souvent à l’extérieur que chez moi. 

    Moi-même, j’en reste sidéré. Elle s’est glissée dans ma vie avec la légèreté et le tact d’un chat.

    Ces derniers temps, j’avais bien remarqué que les victuailles dans mon frigo diminuaient à vue d’œil. Mais j’avais mis ça sur le compte de mon somnambulisme récurrent. Je me levais parce que j’avais faim, et je continuais à dormir tout en me tapant la cloche, voilà l’explication. 

    Et c’est pourquoi je continuais à prendre du poids en dépit d’un régime strict.

    Cette double vie nocturne était la conséquence de ma trop grande solitude.

    Pareillement, j’avais noté non sans inquiétude que mes shampoings, savons et autres produits de toilette s’usaient à une vitesse surprenante,

    et que mes serviettes de bain avaient tendance à passer sans transition du placard au bac à linge. Par contre, pour cela je n’avais pas d’explications. Les cas de somnambulisme laveur sont rarissimes, et tous les matins je me serais réveillé propre comme un sou neuf, or j’étais toujours dans l’obligation de me laver.

    Là, j’ai commencé à me poser des questions.

     

    Elle était très propre et rangée, de ce côté-là je n’ai pas à me plaindre. Même ma femme de ménage n’y a vu que du feu. Maintenant que j’y pense, je comprends pourquoi elle me regardait de travers. Elle avait repéré la femme chez moi, elle. Mais elle est restée muette sur le sujet, pensant sans doute que j’appréciais sa discrétion.

     

    C’est le parfum que cette femme, dans un moment de relâchement, s’est mise à utiliser qui m’a mis la puce à la narine, si je puis dire.

    Ces derniers temps, mon entrée dans la salle de bain était accueillie par des effluves de n°5. Et comme je ne pouvais pas croire que je me levais la nuit pour me parfumer, surtout avec le parfum de ma mère – j’en avais toujours un flacon pour les fois où elle dormait à la maison -, là je me suis dit que je n’étais peut-être pas si seul, au fond.

    J’avoue que cette pensée m’émoustilla quelque peu, avant de me remplir d’effroi.

    Et dire que ma mère trouve que ça manque de femmes chez moi…

    Il faudra bien que je lui dise la vérité avant qu’une bonne âme la mette au courant. Ca, elle ne me le pardonnerait jamais.

    C’est sûr, quand ta tante apprendra que j’ai vécu avec une femme sans le savoir, et que de surcroît elle lui piquait son Chanel n°5, la pauvre femme va avoir une attaque !

     

    C’est la coquetterie qui a perdu ma squatteuse. La coquetterie et la familiarité. Elle commençait à en prendre à son aise, elle se croyait chez elle, elle n’était plus gênée.

    Je l’ai suivie à la trace, si je puis dire, jouant les somnambules pour la tromper et la surprendre. J’ai endormi sa méfiance. Et une belle nuit, la sentant dans mon dos, je l’ai surprise et confondue.

    C’était une squatteuse assez jolie, quoique abîmée par la vie. Je n’ai pas porté plainte contre elle. Je regrette de ne pas lui avoir demandé si elle avait apprécié ma maison.

    Quelle ironie, avec le recul, vois-tu. La seule femme avec qui j’ai réussi à vivre, je ne l’ai même pas connue !

    Parfois, un regret m’étreint en pensant à elle. J’ai le sentiment qu’on se serait bien entendus, tous les deux.

     

     

    Ton humble disciple et dévoué cousin,

    Janot


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  •  Dessin de Anne Géraldine Macias ALBY

    Trois cent cinquante morts

    Dans un tremblement de terre

    En Chine,

    De nombreux dégâts

    Dus aux inondations

    En Angleterre,

    La canicule sévit

    En Italie,

    Il neige dans les Alpes

    En France.

    Dame Nature

    Voit notre imbécillité

    Et se venge.



    L'homme

    Soit disant civilisé

    A tout cassé.

    Rien ne va plus

    Tout fout l'camp !

     

    Ou sont nos routes d'antan

    Bordées de pissenlits ?

    Est il trop tard ?

    Quid de notre savoir ?

    Le monde est il si noir ?

     

    Non Monsieur, Non Madame

    Tout est question d'âme.

    Sauvons le macadam !

    La populace est assez dense

    Pour que chacun pense

    Avant d'avoir à panser.

     

    Prenons le réflexe

    De respecter la planète.


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  • Comme tous les ans, je passais la visite médicale du travail…J’étais apte de chez apte ! 12/7 de tension, un poids stabilisé à 67kg4 depuis 1 an (71kg deux 2 ans auparavant), pas de sang dans les urines, enfin bref…je semblais avoir 18 ans d’après la toubib. Je me suis empressée d’annoncer cette bonne nouvelle à Fr…… et nous bûmes un café avec Jacquot, pour fêter l’événement. Fr…. avait de plus en plus de travail et nous ne nous revîmes pas de la journée. Quelle a été ma surprise lorsqu’il me téléphona à 21h30 alors qu’il quittait seulement l’entreprise ! Il s’était imaginé que je ne croyais pas qu’il avait réellement une surcharge de travail et voulait me prouver qu’il était sincère. Cela me fit plaisir car c’était une nouvelle preuve d’amour, une preuve qu’il ne voulait pas me froisser. Mais le lendemain fut bien différent : il me posa encore un lapin.

    Je savais que c’était par manque de temps et qu’il aurait aimé me voir mais je ne pouvais toujours pas m’empêcher d’être contrariée. Je savais que quand il pouvait, il faisait. Je savais qu’il avait constamment l’intention de s’occuper de moi et que trop souvent il était victime des aléas de la vie. Je savais tout ça mais j’avais beaucoup de peine à gérer et j’étais encore triste. Si cela avait été à refaire, je lui aurais dit non. C’était le 2ème mec qui me piègeait : séparé de sa femme lorsque je le rencontre et retour avec sa femme 3 mois plus tard ! C’était le 2ème qui m’humiliait de la sorte ! C’était le 2ème à qui je servais de roue de secours. J’en avais une over dose. Plus jamais, au grand jamais, je n’accepterais de continuer avec un homme qui vit avec sa femme, me disais je. J’aurais aimé repartir à zéro. Le cours des choses aurait été tout autre si j’avais refusé de continuer lorsqu’il se remit en couple. Ou bien je ne l’aurais jamais revu et la souffrance se serait vite estompée puisque c’était le début de notre histoire, ou bien il l’aurait quittée sa femme et j’aurais eu une chance d’être enfin pleinement heureuse. Je n’avais pas eu le cran de relever ce défi et je m’en voulais. Notre relation était trop perturbatrice, trop en dents de scie et j’étais à vif.

    Bien sûr : les imprévus étaient excitants, mais je préfèrais lorsqu’ils allaient dans le bon sens et ce n’était pas toujours le cas. Fr….. se laissait porter par la vie. Il ne provoquait pas les rencontres ou très peu  et s’en remettait plus à la providence. Avec lui, il n’y avait aucune sécurité. Tout pouvait être remis en cause au simple vol d’une mouche, tout pouvait basculer en une fraction de seconde, tout était possible ! Dur, dur à vivre ce mec ! Rien n’était figé, rien n’était programmé….tout pouvait arriver : le meilleur comme le pire.

    Nous devions continuer le carrelage dans ma salle de bains http://www.grisy.net/article-20807702.html mais le temps nous manquait car à se voir entre cinq et sept, il fallait vite retourner à l’usine. J’étais contente car il n’avait pas annulé ce nouveau rendez vous malgré cela et ne s’était consacré qu'à moi…rien qu’à moi. Nous avions donc passé encore quelques heures inoubliables et sommes retournés travailler en fin de journée….à l’heure où les autres quittent le travail ! La sagesse nous dicta donc de prendre notre lundi après midi pour nous occuper des joints car le temps passait si vite lorsque nous étions ensemble qu’il fallait bien une demi journée pour faire quelques finitions………rien à faire : nous ne savions pas et d’ailleurs ne voulions pas ne pas joindre l’utile à l’agréable. Chaque bricolage était un prétexte pour nous voir.

    Lundi donc, nous voilà partis bras dessus bras dessous faire les courses en grande surface : du whisky, de la bière, des haricots verts et de la bonne viande rouge. A la maison, mon amour nous  mijota l’onglet aux échalottes. Ce fut un vrai régal ! Il m’avoua qu’avec moi, il pouvait faire ce qui lui plaisait (cuisiner en l’occurrence) et il était heureux. Un de ses rêves aurait été d’être cuisinier et je le laissais s’exprimer, et j’appréciais son plat….c’était des choses simples mais qu’apparemment il ne pouvait pas concrétiser chez lui.

    Sortis de table à l’heure où le soleil se couche l’hiver, nous avions enfin attaqué la salle de bains après, je vous l'’avoue, un dessert style casse croute bien à nous. Une heure de boulot et l’affaire carrelage était close. Nous sommes donc passés à l’apéro du soir. Dans l’entre temps, ma fille I……. et son pékin de Cl…….  arrivèrent et à ma grande surprise et joie, mon amour nous tint compagnie jusqu’à la nuit. Il n’avait visiblement pas envie de rentrer chez lui. Cela lui arrivait de plus en plus. Il oublia d’ailleurs ses vêtements de travail à la maison…volontairement ou non ? Je ne le savais pas mais je constatais qu’à chaque passage, il laissait un peu de lui : des outils par ci, des vêtements par là…et j’aimais ça.

    Ce lundi là, nous avions beaucoup plaisanté sur le fait que nous ne vivions pas ensemble. Nous en parlions de plus en plus, toujours indirectement, sous forme de boutade et finalement je crois que nous nous essayions sans nous le dire franchement. Chaque instant passé à la maison ressemblait à un entrainement de vie commune mais tous deux fuyions la réalité. Je pense qu’il en crêvait d’envie autant que moi. J’espèrais bien que nous allions concrétiser………vivre à deux enfin ! 

    ......232ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie..............


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  • dock1.jpg

    Au fond des ports, la nuit,

    au fond d’un de ces docks où tu suis

    le long des falaises rouillées des cargos

    une ombre qui te rappelle un ancien amour,

    derrière toi, résonnant comme un écho de ta maraude,

    des pas frappent les coups sourds de la peur qui rôde

    dans ton ventre.

    Son pas borgne, l’entends-tu ?

    longe le flot aux effluves écoeurantes.

    Derrière toi grandit une silhouette

    faite d’huile et de fange,

    et dans l’eau ton visage s’allonge

    déformé par l’atroce présage. Hurles-tu ?

    Rien ne sort de ta bouche, comme si ton cri

    était bu par ce brouillard rouge

    qui flotte sur les quais.

     

    Au fond des docks, la nuit

    tu crois enfin pouvoir toucher ton âme

    sur cet écran de brume,

    car tu te sens revivre à l’approche du Crime.

     

    Mais celui-ci passe toujours sans te voir.

    Il ignore ton corps qui va comme un follet

    et ton esprit trop épris de tristesse.

    Son halo fatal s’éloigne vers les grands frigos

    où dorment l’optimisme et la viande insouciante

                pour planter ses crocs dans des outres d’espoir.         

     

    Jean Gennaro


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