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Les volets bleus
Presque dissimulés
Sous les feuillages
Ornent ce lieu
Laissant des secrets présager
Comme un mirage.
J’y ai vu une guêpe solitaire
Prise au piège de sa propre proie
Une toute petite araignée
Au sein d’une toile bien éphémère
Accrochée aux battants de bois
Et dévorant l’insecte guerrier.
Aux volets bleus
Portant l’aiguillon
Maladroitement planté
J’ai ouvert tout grand mes yeux
Je suis restée en admiration
Devant ces minuscules chélicères
Voraces et téméraires
Ne craignant pas l’adversaire
Si gros soit-il et quand bien même
Sous la bénédiction d’une reine
Se sentant protégé, il se débattrait,
Point ne l’arrête pourvu qu’il ait à déguster.
Aux volets bleus
Vermoulus et abandonnés
Se forment des nids
Que j’imagine joyeux
Tant il y a foule agitée
Fourmillements et légers cris.
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Assis sur ses haillons au milieu du chemin
Il hoquetait son cœur en des sanglots mouillés,
Ses larmes dessinaient sur les os de sa main
La précaire survie d’un peuple résigné.
Son ébène posait sur la blondeur du sable
Une ombre de conscience à nos yeux égarés,
On s’émouvait déjà devant l’insoutenable
Et pourtant on voulait à tout prix le filmer.
J’étais parmi ces ‘on’ et mon âme a rougit
D’avoir faibli le temps d’un jeu de société,
Ce n’était pas avec un tel état d’esprit
Que je voulais aimer ces lieux ensoleillés.
Ce tout petit garçon n’était pas miséreux
Il n’avait pas appris à rêver d’un ailleurs,
C’était tout simplement un enfant malheureux
De ne plus voir sa mère et de sentir sa peur.
Je l’ai pris dans mes bras et j’ai chanté pour lui
Sans penser que j’étais en touriste arrivée,
Il s’est blotti serein il n’était pas surpris
Qu’avec ma peau si blanche je l’ai consolé.
Simone Le Vaillant
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Ma grand-mère paternelle se nommait Rose.
Rose pour les filles, c’est l’idéal. Quelle délicatesse dans ce prénom !
Le bon air de la campagne lui donnait du rose aux joues. Elle cultivait son jardin avec passion, chassant scrupuleusement les mauvaises herbes au pied du rosier qui, fier et majestueux, faisait scintiller ses épines. Elle regardait souvent le ciel, scrutait dans le bleu azur les ailes blanches du planeur ou du Rallye de ses deux fils alors pilotes.
Le bleu : c’est l’espace, la liberté. C’est exactement ce que chérissaient les garçons. Mais le bleu est froid aussi : sans la chaleur du soleil, il n’est rien d’autre que le vide, l’espace temps. Le bleu a besoin de réconfort.
Si l’on veut faire une synthèse de cette branche paternelle, je dirais que le mélange du rose et du bleu se décline en couleur pourpre, symbolisant la puissance du monde spirituel. Ma grand-mère, outre ses dons de jardinage, guérissait les brûlures par l’imposition des mains. Une de mes tantes faisait tourner les verres. Dans la famille, nous étions orientés sud : plein sud et nous nous laissions porter par le vent d’autan.
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