Il n’y a pas besoin  d‘être une star pour attirer les paparazzi http://fr.wikipedia.org/wiki/Paparazzi ! Nous avons vite été contactées, mes sœurs et moi même par des journalistes à scandale…..vous savez ! ces magazines qui se prennent pour des détectives, pour ne pas les nommer. Notre douleur n’était pas le sujet, seul leur scoop importait. Nous avons décliné leurs offres malgré les sommes alléchantes proposées. Il n’était pas question de salir la mémoire de Ghislaine.

Pour les besoins de l’enquête judiciaire, puisqu’il y avait eu meurtre, ma petite sœur a été autopsiée http://fr.wikipedia.org/wiki/Autopsie , c’est à dire qu’en plus de notre chagrin, il a fallu subir le fait qu’elle soit découpée de long en large, histoire de voir si elle n’avait pas prit de drogues ou boissons alcoolisées……..entre autres. Je pensais que nous étions au 20^ème siècle et que  par conséquent que nous avions dépassé le stade de la barbarie………et bien non ! la science ne fait pas dans les sentiments. A quand les analyses de corps au laser, sans boucherie ?

Après l’autopsie, Ghislaine a été transférée au funerarium (établissement où le corps du défunt est préparé et où les proches se réunissent avant les funérailles) de Paris, près de la gare de Lyon. Ah ! ils l’avaient bien préparée ! tout juste si elle n’était pas pomponnée et prête à sortir………..j’en avais des hauts de cœurs car il ne fallait surtout pas relever le drap qui cachait les traces de l’autopsie.

Nous n’avions évidemment pas l’argent nécessaire pour l’enterrement. De plus, nous devions faire transporter Ghislaine à Castelnaudary dans l’aude, pour qu’elle puisse reposer en paix auprès de papa et maman, notre caveau de famille se situant là bas. Il ne restait qu’une place dans le caveau, comme si Ghislaine était attendue. S’il nous arrive quelque chose maintenant, je ne sais pas où nous atterrirons ! Je sais que E…. souhaite être enterrée dans son berry profond, juste un trou dans son jardin. Pour V…. et C….., je ne connais pas leurs volontés. La mienne se dirige vers le Pas de Calais, face à la mer.

Il fallait donc se débrouiller pour réunir les fonds nécessaires. Nous ne pouvions compter que sur nous mêmes, la famille n’ayant cure de nos soucis malgré la compassion hypocrite manifestée lors de l’annonce de cette terrible nouvelle. Nous sommes une famille très nombreuse et pourtant mes sœurs et moi avons le sentiment d’être sans famille. Il faut se rendre à l’évidence : c’est une rude réalité.

La banque de Ghislaine a accepté de payer une partie de la sépulture avec ce qu’il restait sur son compte. J’avais la chance de travailler chez Hispano et d’y être appréciée. Mes collègues avaient fait une quête, de leur propre initiative et le CE m’a fait un don. J’ai donc pu apporter de l’eau au moulin et mes sœurs ont donné ce qu’elles avaient.

HISPANO-SUIZA m’a été d’un grand soutien moral. Comme je vous l’ai dit : c’est une grande famille http://www.grisy.net/article-6490352.html et dans mon cas, je trouvais un peu de réconfort hormis de la part de certains comme mon chefaillon de l’époque. L’enterrement ne pouvant avoir lieu que dans 15 jours, j’étais retournée travailler. En fait, je n’étais plus bonne à rien, j’étais un zombie…….une espèce de morte vivante qui avançait parce qu’il le fallait. La douleur se voyait sur mon visage et dans ma façon de me traîner. Et bien mon chefaillon de m---- (c’est un rébus : il y a 5 lettres) m’a fait un scandale le jour même de ma reprise, parce que je tardais à lui remonter le dossier « tartampion » qu’il m’avait réclamé la veille du décès de ma sœur. Vous pensez bien que son dossier « tartampion », je n’en n’avais rien à faire ! et je le lui ai dit et il n’a rien compris ! Ma vision des choses et de la vie avait changé………nous n’avions plus les mêmes valeurs ! finalement, c’est la mort qui fait prendre conscience de la beauté de la vie……………éternel recommencement, dirais je. La mort n’est pas une fin en soi, c’est un cap à passer.

........107ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................