• Je laisserai le temps derrière moi

       Pas le temps !

    Plus les années avancent et plus les heures me font défaut. On m’a dit que la fin du monde est pour le trente de ce mois ci. Je dois me dépêcher, réaliser enfin mes plus chers désirs.

    Déjà je vais protéger mes chats, leur construire une tanière où la terre pourra bien s’écrouler sans qu’ils soient touchés. Pour la nourriture, je ne peux pas mettre des boîtes de conserve : ils ne sauront pas les ouvrir avec leurs petites pattes, même toutes griffes dehors ! Oh… un chat, ça trouve toujours sa proie, je ne m’inquiète pas.

    Puis, je laisserai tout dans la maison : le téléviseur allumé pour faire perdurer la vie quelque part, le réfrigérateur, l’aspirateur qui ne m’a jamais vraiment branchée et je partirai vers le limousin où je passerai quelques jours heureux en compagnie de ma fille, bercée par la magie silencieuse des monastères. Au passage, je récupérerai ma sœur pour qu’elle ne s’enlise pas au fin fond de son Berry, qui d’ailleurs est déjà le bout du bout du monde. Nous nous rendrons ensuite à Voiron, chez mon fils, nous emplir les poumons de la fraîcheur que nous offrent les neiges éternelles et là,  j’emmènerai ma petite fille vers la destination fatale, en bord de mer à la frontière espagnole. Nous serons  tous ensemble.

    C’est mon coin préféré : Portlligat, son port de pêche  et ses criques où Salvator Dali y régna dans de géniaux délires plus fantaisistes les uns que les autres. Nous plongerons dans les turbulences du  surréalisme, nous aurons déjà un aperçu de l’au de là. L’univers nous ouvrira ses portes.

    Nous dépenserons toutes nos économies afin qu’elles ne soient pas englouties dans un tremblement de terre.

    Prière !

    Nous lèverons les bras au ciel en quête de notre salut. Nous louerons les anges qui nous élèveront au dessus de ce monde infernal, transportés sur un cheval ailé jusqu’au firmament où peut être, découvrirons nous des champs de blés caressés par un soleil charmeur. Aurais je droit à ma tartine miellée le matin ?

    Si le compte à rebours, en ce bas monde, se déclenchait, j’avancerais, j’avancerais, j’avancerais, sans fin, entraînant dans ma course tous les êtres qui me sont chers. Je ne m’arrêterais pas, je devancerais le temps. Les secondes ne me rattraperaient pas, je les laisserais derrière moi.

    Intemporelle, j’entamerais une nouvelle vie où le sablier ne sera pas roi, où le réveil matin n’existera pas et où je n’aurais qu’à tendre la main pour cueillir de jolis fruits qui feront resplendir mon teint. Je communiquerais avec les fleurs, les oiseaux et les ruisseaux et je me souviendrais d’où je viens. Je ne recommencerais pas les mêmes erreurs, je mettrais mon expérience au service des touts petits afin qu’ils entrent dans une danse gracieuse et bienheureuse, que chaque jour soit une joie, qu’ils fassent de ce nouveau monde, un paradis.

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 19 Décembre 2012 à 12:00
    De bien jolies et sensées résolutions ! Claude
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