Elle est tombée dedans lorsqu’elle était petite et comme pour Obélix, cela la poursuit partout. Née de parents très pieux, surtout du côté maternel, on ne lui a pas laissé le choix : sitôt sortie de la rose, sitôt baptisée. Ah ! Que vive le catholicisme…

C’était principalement la grand-mère Mamette qui fréquentait assidument son église à Nice. Elle priait Sainte Thérèse et Saint Antoine de Padoue. Vieillissant, elle ratait régulièrement la marche en sortant et fut gratifiée à maintes reprises de côtes cassées, entre autres. Mais qu’à cela ne tienne, elle remerciait le ciel d’être toujours vivante. C’est ça la foi ! Lorsqu’Adeline était en vacances chez elle, c’est bien endimanchée qu’elle l’accompagnait. Pour tout vous dire, elle s’ennuyait fortement pendant les sermons où elle n’y comprenant rien et n’avait d’autre distraction que d’admirer ses souliers vernis. Seuls les chants et l’Ostie la régalaient. Mais ça valait la promenade et le retour par le magnifique jardin, éden en ville. Adeline connut aussi les joies du catéchisme car ayant fait de grosses bêtises à l’école primaire, on l’avait envoyée faire un séjour dans un établissement de bonnes sœurs. L’histoire de Jésus lui plut bien. On la lui fit mettre en dessins et elle s’y donnait à fond. Ces bonnes sœurs étaient très gentilles avec elle mais elle préférait quand même jouer aux indiens et aux cow-boys et ne séjourna pas bien longtemps dans ce milieu trop calme à son goût. Elle continuait  cependant à aller à la messe tous les dimanches avec ses copines, c’était déjà un peu plus drôle. Un jour, sa chienne, un loulou de Poméranie qui était très attaché à elle, la suivit à l’église. Elle était belle dans sa robe blanche et avec sa queue dressée qui s’enroulait par-dessus son dos. Adeline et ses copines étaient pliées de rire mais ce fichu cabot ne savait pas prier en silence et le curé dut le chasser… Belle ambiance dans la paroisse en ce matin ensoleillé ! Il s’en fallut de peu pour qu’Adeline soit privée de communion solennelle mais le curé s’en remit à Dieu et lui pardonna. Quant à son père, il s’endormait et ses ronflements faisaient écho dans la nef. Il lui arriva une fois de cacher son mégot de cigarette dans son chapeau mais il n’était pas bien éteint… A défaut de foi, le feu brûlait en lui. La communion solennelle eut lieu avec tout son sérieux et son lot de dragées et cadeaux, puis Adeline renonça à ce rite dominical. Elle s’ennuyait trop dans ce lieu où elle pigea vite que le confessionnal était la cerise sur le gâteau. Elle pouvait faire toutes les bêtises du monde, une fois confessée et après avoir récité trois Pater et deux Ave, elle était blanchie par je ne sais quelle opération du Saint Esprit. Fastoche non ?

Devenue adulte et alors qu’elle était caissière dans une supérette, elle fit la connaissance d’une femme assez âgée qui venait quotidiennement à sa caisse. Adeline était fascinée par sa façon de la regarder. Elle sentait en elle de grandes pensées...

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