• Le mariage bourguignon


    Eurêka ! I… venait de gagner la partie http://www.grisy.net/article-34509183.html . Elle fut enfin récompensée de tant d’efforts et débordait de joie, créant de l’adrénaline à tout va. Ca y était, bingo ! elle était embauchée. Tout s’était déclenché à la vitesse grand V et un bel avenir lui souriait. Elle allait pouvoir vivre avec son homme. Elle avait décroché le pompom, pas celui du marin qui porte bonheur mais celui du gendarme mobile qui bougeait à toute heure. Elle savait bien dans quoi elle s’engageait mais l’amour lui donnait des ailes et elle aurait déplacé des montagnes d’un battement de cil, tant son enthousiasme lui donnait de la puissance. En un tour de baguette magique, elle devenait de plus en plus jolie. Son teint semblait nous conter son aventure, ses lèvres n’avaient plus besoin d’artifices, elles étaient rosies par la quiétude.
    Elle n’avait que trente jours pour donner sa démission, faire ses bagages et redémarrer sur de nouvelles bases, là bas en province. Elle devenait limousine, elle qui n'avait qu’une Clio.
    Soulagement, angoisses aussi de débarquer parisienne et en tant que responsable dans un lieu où elle ne connaissait personne hormis son mec et dans un domaine de travail qu’elle avait à découvrir. I… m’avait toujours fait crever mes plantes, elle n’avait vraiment pas la main verte et voilà pas qu’elle allait diriger une équipe dans la jardinerie !
    Elle profita de ce mois de janvier pour voir tous ses copains, toutes ses copines. Chacun ici regrettait son départ, elle est tellement attachante ! Sa façon bien à elle de dire au revoir en organisant des fêtes leur faisait monter les larmes aux yeux et moi, sa maman…… j’allais me retrouver seule à nouveau dans mon petit univers. Quand I… rentrait le soir, tous mes tracas de la journée s’estompaient. Elle me faisait un bien mirifique, comme si elle était née pour sauver l’humanité sans en avoir conscience. Autour d’elle, une bulle de bonté flotte et nous happe tout en douceur.
    Cela fait maintenant deux ans qu’elle vit là bas et nous nous téléphonons chaque jour, c’est la cerise sur le gâteau, le coup de fil qui redonne l’équilibre en début de soirée. Vous imaginez ? sept cent trente coups de fil depuis l’hiver deux mille sept ! C’est l’opérateur qu’il est content !!
    Heureusement, A… et J…. s’occupaient bien de moi. Notre voisinage était parfait mais la présence harassante de Fanny m’énervait et j’évitais parfois de les cotoyer.
    Ils s’étaient mariés un peu avant le départ de I…. Nous avions fait la route jusqu’en bourgogne, en plein mois de décembre. Evidemment, avec ma voiture qui crachait ses derniers poumons, j’étais arrivée en retard à la mairie, tandis que I…. qui passait quelques jours dans son limousin tant espéré, avait traversé le massif central les doigts dans le nez et s’était présentée à l’heure.
    C’était un beau mariage. A….. brillait dans son costume blanc orné d’une pochette rouge, J…. était somptueuse. La blancheur de sa robe faisait ressortir ses cheveux noirs qu’elle avait parés de fleurs rouges. Ses mirettes luisaient comme des gouttes d’encre sous la lumière des spots. Les parents de A…. avaient tout organisé, tout préparé. La salle des fêtes était décorée dans cette ambiance où Noël avait déjà pris place. La sangria, le punch et le champagne nous accompagnaient sur des airs de flons flons. Je me laissais enivrer par l’odeur du poulet aux escargots dont seuls, les parents de A…. ont le secret l C’est une petite merveille et qui se digère très bien malgré ce que l’on pourrait craindre. Il faut dire que le trou bourguignon est efficace : glace à la vanille arrosée de poire du pays…. Ni vu, ni connu, je t’embrouille….. l’estomac ne fait plus la loi.
    Il y eut le coup de la jartelle, bien sûr et puis Fanny……
    Fanny qui choqua l’assistance par son comportement. Elle était habillée comme la mariée, de la tête aux pieds. Elle s’était acheté les mêmes chaussures, exactement et collait tantôt le marié, tantôt la promise. A…. fut obligé de la repousser à plusieurs reprises et elle fit un scandale à J…., une scène de ménage ! Nous nous demandions qui épousait qui, c’était très étrange et engendrait des commérages. Elle était à deux doigts de gâcher cette union, jusque dans le pacte sacré !
    J….. commençait à réaliser à quel point leur copinerie devenait dangereuse et sorti à maintes reprises pour remettre un peu d’ordre dans ses idées. Fanny voyait bien qu’elle devenait game over. Fanny à la pétanque, c’est quand on se prend une grosse branlée.
    J…. était triste aussi car son père avait décliné l’invitation. Elle se sentait bien orpheline et souffrait tant de sa famille déchirée. Heureusement qu’il y avait du monde du côté de A….
    La noce dura jusqu’au petit matin où, après avoir dormi environ deux heures sur des matelas de fortune cachés derrière le bar, nous entamions le petit déjeuner tandis que d’autres prolongeaient encore la nuit et trempaient des tartines dans le champagne. Puis vint le midi, l’heure de manger ! Les parents de A…. nous accomodèrent les restes et c’était reparti pour une nouvelle fête.
    I… et moi, reprîmes la route, ensemble cette fois en fin de journée, à l’heure où la nuit se lève en cette saison. Fatiguées, fatiguées, fatiguées….. Nous n’avions jamais fait autant de haltes dans les aires de repos. Dur dur, le retour à la maison !

    ......... 317 ème épisode ............. à suivre .......... dans la catégorie "biographie"
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  • Commentaires

    1
    Vendredi 4 Septembre 2009 à 12:00
    bonsoir,Ton article est toujours aussi passionnant. Je comprends que ce soit difficle de reprendre la route après un tel événement.Bonne soiréeclem
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