• Extrait N°14 du récit "Un bien pour un mal", ... l'antidote...Forte de ses nouveaux pouvoirs, Perrine sentant bien une faiblesse à exploiter, proposa de faire une constellation. Cette méthode, qui se pratique en groupe uniquement, consiste à créer une « constellation familiale » en choisissant au hasard parmi les autres participants, ceux qui vont représenter les membres de la famille, et à attribuer à chacun d’entre eux un rôle. Perrine prit la place d’honneur, soit celle de Mamette puis désigna Anaïs pour représenter Emma, une autre copine pour le rôle de Nannot et – allez savoir pourquoi – choisit également de faire parler Rose. C’était assez étrange, une ambiance indéfinissable, une curiosité à satisfaire. Au début, il ne se passait pas grand-chose puis Perrine entra en transes. Ah ! Quel talent, quelle comédienne ! Elle nous dévoila une sombre histoire d’amour entre Mamette, alors infirmière de guerre, et un militaire blessé dans les tranchées. Puis s’ensuivit un accouchement ou plutôt un avortement en direct live. La mise en scène était parfaite : nous avions mal pour elle. Donc Mamette aurait fauté. Bien qu’impardonnable à cette époque, cela ne convainc pas Anaïs que la malédiction vienne de là.

    Perrine laissa passer quelques semaines puis invita Anaïs à rencontrer les anges et les archanges chez elle. Encore une fois, la mise en scène était impressionnante, les décors feutrés sentaient l’encens, de nombreuses bougies blanches appelaient à la méditation. Et là ! Chapeau Perrine ! Elle dévoila une partie de la vie d’Anaïs alors inconnue pour elle. Elle fit apparaître Bout de chou, Emma et Nannot et les libéra des liens diaboliques qui les empêchaient d’évoluer là-haut, dans les secrets de Dieu. Cette scène était si puissante qu’Anaïs entendit gémir sa défunte petite sœur et ses feus parents. Au sortir, toutes deux étaient épuisées mais très détendues. Bon, d’accord, Perrine avait fait du bien quelque part mais le mystère restait entier. Anaïs abandonna ces méthodes qu’elle trouvait stériles.

    Depuis ces expériences qu’Anaïs raconta à Elie, cette dernière multiplia les démarches afin d’assainir la maison de Saorra où elle vit désormais. Elle rencontra un professionnel en la matière qui donna quelques précisions qui tiennent bien mieux la route, définissant les endroits négatifs de la maison et leur possible explication. Le mauvais sort aurait été jeté du haut du grenier vers 1795 environ. Bon Dieu mais c’est bien sûr ! La Catalogne était en pleine guerre contre l’Espagne depuis le 7 mars 1793. De nombreux conspirateurs perdirent la vie, d’autres furent persécutés, c’était la révolution avec toute la violence des montagnards, les contrebandes, les complots, les pillages. Un médecin natif de Saorra surnommé « médecin des pauvres et des animaux » et maire de Vinça déclenche la mobilisation fédéraliste, ce qui fait de lui un homme persécuté à vie. Il est constamment sur ses gardes et craint la dénonciation, chose qui lui arriva. De là, il décida de se venger et fit appel aux forces du diable contre la maison de Saorra. Il fut guillotiné en tant que conspirateur de la république. Cet homme avait-il un rapport avec la famille ? Il faudrait remonter l’arbre généalogique. Une chose est certaine : il y a une grande violence à répétition dans cette lignée familiale.

    A ce propos, Elie retrouva à l’étage supérieur de la maison, un tableau représentant Mamette telle qu’elle l’avait connue à la fin de sa vie, avec ses cheveux d’un blanc éclatant, son nez légèrement empâté, ses yeux creusés. Deux personnages se tiennent près d’elle, l’un d’eux semble très en colère. Elie ne supporte pas de regarder ce tableau peint par assurément quelqu’un de très proche de Mamette mais qui ? Il n’est pas signé. Décidemment les arts tiennent une place importante dans la famille. Elle l’a déplacé mais non caché. Mamette est toujours reine en son foyer.

    D’autres lieux ont été apparemment l’objet de perversité. Pour exemple à l’étage supérieur dans la chambre qu’Anaïs affectionne particulièrement sans savoir pourquoi, il y aurait eu des scènes d’adultère connues du village entier. La honte ! Cependant la grand-mère paternelle aurait eu un rôle protecteur. Comment cela est-il possible ? Elle n’a jamais mis les pieds là-bas. Encore un sujet à approfondir.

    Le pro de la détection surnaturelle conseilla de concocter un antidote à base de sauge, purificateur par excellence des lieux, des gens et des évènements. C’est un encens très puissant. Elie se lance donc dans la culture de la sauge.

    à suivre !


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