• 2ème série : Les Contes des pays de sable et de vent
    Maroc - 979-10-93510-44-6 - 9,80 €
    conteuse : Krystin Vesterälen
    Photographe (couverture) : Patrick Chatelier
    Editions Langlois Cécile - collection de contes

    les 7 contes : La jeune fille délaissée par le prince / La septième fille et l'Afrita / Le chat trop gentil / Le jeune homme et la chatte / Le fils du sultan / La chatte de la cendre / La fille du roi des génies

    La préface de Arielle ALBY – poétesse - Thiers (Puy de Dôme) - Maroc
    A travers sept contes traditionnels plus extraordinaires les uns que les autres. Sept ! Un chiffre mythique, fatidique, symbole d’harmonie et de paix : les sept merveilles du monde, le septième ciel… la conteuse perpétue ainsi la tradition orale et nous fait voyager, rêver dans des pays magiques.
    Fortes émotions, philosophie, le bien et le mal, en lisant ces contes vous croirez entendre la voix de notre conteuse et vous oublierez un temps que vous êtes sur terre, tant les messages sont puissants, voire divins. Vous découvrirez des peuples, leur histoire, leurs légendes. Conter, c’est transmettre, faire perdurer. Que vous soyez jeunes ou moins jeunes, ces histoires vous charmeront et leur morale vous touchera car le conte parle au cœur et éveille la sensibilité. Du mythe à la réalité, il n’y a qu’un pas : ne rêvons-nous pas chaque nuit ? Croyez-moi, le voyage en vaut la chandelle.
    Lecteurs, emplissez-vous de ces textes charmeurs, laissez aller votre imagination, vivez les aventures avec passion, vous êtes dans le pays magique du conte des pays de sable et de vent.

     
    Photo de Krystin Krystin Conteuse.
     

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  • ANGELANouvelle élaborée par 8 auteurs au cours de l’atelier d’écriture conduit par Philippe Renard

    dans le cadre du festival  Livres à vous 2015 à Voiron (38500) et inspirée par cette phrase de Marin Ledun

    Emmenez-moi loin d’ici, par pitié

     

    Les auteur(e)s :

    Arielle Alby, Marcelle Chabi, Géraldine Jimenez, Annick Magar,

    Béatrice Pollaud, Alain Roea,  Véronique Rolland, Cristina SEGOVIA

     

     

    dédicaces, Maison des associations 2 Place Stalingrad 38500 Voiron

    dedicaces@wanadoo.fr / www.dedicaces.eu / 06 63 14 10 10

    Dessin de ma nièce GER ALBY 

     

    Juchée sur des talons hauts, chapeau en feutre, voilette blanche sur le visage, j'aime déambuler dans les rues de la ville. Cela dérange les esprits timorés, moi j'aime cette extravagance que je cultive depuis 78 ans. Quatre mariages, quatre enfants, j'ai vécu comme je l’ai voulu : librement.  Ma vie c’est ma voix, « Voix d’or » écrivaient les journalistes à chacune de mes tournées.

    Mais aujourd’hui, si je chante encore, c’est dans le réfectoire de la maison de retraite. Et je suis lasse. Lasse  de ces mesquineries qui se faufilent sous les portes de jour comme de nuit. Ce soir, quand l'infirmière est venue m’apporter ma dose de somnifères, je les ai balancés à travers la chambre.  Elle m'a regardée. N’a rien dit. Et s'est appliquée à les ramasser. Alors je suis montée en gamme et je lui ai vomi ma solitude : 

    - Emmenez-moi loin d'ici, par pitié !

    J’ai hurlé.  Impuissante à voir mon âme s'envoler au-delà des quatre murs, elle a repris son chariot blanc, en murmurant de sa voix trop douce :

    - Ça ira mieux demain. Bonne nuit, Angela.

    Mais rien n’irait jamais mieux. Je le savais. Aussi quand la batterie des téléviseurs s'est éteinte, j'ai déplié mon habit de scène, enroulé le châle garni de plumes autour de mon cou et à nouveau, j’étais Angela, la chanteuse à la voix d’or. J’ai franchi la porte vitrée du hall, et allez savoir pourquoi je me suis retrouvée au supermarché, rayon gourmandises !

    Champagne ? Chocolats à la liqueur ? Et pourquoi pas les deux ?

    J’en étais là de mes points d’interrogation, quand soudain, il est apparu dans le ciel étoilé de ma gloire passée. Un gamin dépenaillé et sale, qui sans vergogne, volait des paquets de gâteaux qu’il cachait sous sa veste déchirée. J’ai pensé :

    - Il a faim, il est seul.

    Je  l’ai vu prendre un air détaché en se dirigeant vers la sortie,  mais le regard suspicieux de l’agent de sécurité l’en avait vite dissuadé. Et maintenant, il était là collé à moi avec sa veste bien trop grande pour ses épaules frêles. Nous devions faire un drôle de couple, la caissière sourit :

    - Vous êtes ensemble ? 

    Avec un aplomb extraordinaire, il rétorqua :

    - C’est ma grand-mère.

    Sa réponse me troubla. Un autre jour, j’aurai eu peur, mais là, j’étais émue : il m’avait choisie, j’étais sa grand-mère. J’ai payé mes chocolats, il est passé avec ses gâteaux, nous étions devenus complices, mais lorsque nous nous retrouvâmes dehors, je fus prise de panique. J’ai inspiré. Le froid me piquait la peau. Mon sac sous le bras, je remontais le col de ma veste, je m’apprêtais à rentrer, mais il était là, sur le trottoir d’en face. Est-ce la peur qui me fit serrer mon sac contre mon corps, qui me décida de prendre à droite ? J’accélérais. Ma jupe entravait mes pas. Je rageais.  Le rythme de mes talons sur l’asphalte battait l’air d’un vieux madison usé. Pourtant, aucune envie de danser, encore moins d’être la proie d’un petit prédateur. Tignasse baissée, mains sous son blouson élimé, le gosse trottinait, frigorifié, c’était un loup dans la nuit, il se faufilait, s’immisçait sans bruit. À l’approche de la maison de retraite, l’animal chétif traversa la rue, les poumons en feu, je tirais la clé de ma poche, enclenchais le verrou de sécurité, la porte vitrée du hall glissa dans un déplacement d’air chaud. Je m’engouffrais et actionnais la condamnation sous le nez du petit monstre. Je l’avais échappé belle.

    Il me fallait reprendre mes esprits, m’allonger sur le lit, ouvrir cette boîte de chocolats  fondants, crémeux et dormir ! Bon dieu ! Moi qui vivais la nuit, voilà que je la redoutais. Moi, si fière de ma liberté, j’étais prisonnière de ma peur. Je m’en voulus :

    Angela, qui es-tu devenue ? Lève toi. Regarde la rue. Regarde. Regarde le, il s’est assis sur le sol. Il mange ses biscuits, trois paquets disposés tout autour de lui. Mes chocolats, ses biscuits, nos douceurs.

    Alors j’ouvris la fenêtre :

    - Entre.

    Il me regarda, ne me répondit pas. et continua de manger ses biscuits, imperturbable.

    - Entre je t’ai dit.

    Et voilà qu’il se lève. Ses yeux. Je ne peux m’en détacher. Il me dit  d’une voix assurée, claire et puissante :

             - Viens !

    Ne pas réfléchir ! Ne pas penser  ma pauvre Angela ! Ne pas ressasser le passé ! Enfile ton manteau par-dessus ta vieille jupe en laine, ce vieux chapeau en feutre te protègera du froid. Allez ma vieille, franchis le pas.

    Je pris l’enfant par la main. Malgré le froid cinglant, je sentais sa petite main chaude au creux de la mienne. C’est lui qui me guidait. Notre chemin nous mena sur une passerelle dominant la ville couronnée d’un halo. Elle scintillait de mille feux. Nous nous assîmes sur un banc, face à un immeuble dont presque toutes les fenêtres étaient éclairées. Nous pouvions ainsi, les voyant évoluer sous nos yeux, imaginer la vie des habitants. La plupart étaient à table, d’autres  regardaient un film à la télé. Il remit sa main dans la mienne et, étrangement, nous laissâmes les lumières de la ville pour nous diriger vers la gare.

    Derrière la gare, un vaste entrepôt désaffecté. Pénombre glaciale, puante, métallique. Il me précède, il sait où il va. Moi j’avance, aveugle, jambes flageolantes, cœur en alerte, mains tremblantes. Et bientôt, une voix : gémissements / pleurs / plaintes / lamentations /  cette voix me guida, impérieusement. Au sol, construction anarchique, cartons rigides, chiffons mouvants, toutes les modes passées réunies pour apporter un peu de chaleur au corps recroquevillé, menu, frêle d’une trop jeune fille au ventre trop fécond.

    • Respire… Doucement… inspire… expire… C’est ça… ça vient, ne crains rien, je suis là. Je suis là.

    Et soudain, ce cri. Ce hurlement. Le bébé a glissé entre les cuisses de sa mère et ma voix jaillit de mes entrailles : 

    • You make me feel so grand, I wanna give this world to you. (*)

    J’enserre le petit tout contre moi, le hume, je me gave de son odeur, de sa douceur, je le berce : 

    • I’ve been waiting each day for someone exactly like you.

    Rassasiée, apaisée, je le rends à sa trop jeune mère. Comment est-il possible que nous nous soyons endormis tous les quatre en un même sommeil ?

     

    À l’aube un train a déchiré les lueurs bleutées. Je les ai accompagnés sur le quai. Ils sont montés dans le wagon. Le garçon au regard d’ange m’a tendu la main pour m’aider à monter. Il a dit :

    Je lui ai souri. Le train s’est ébranlé. J’ai chanté.

    • I’ve been waiting each day for someone exactly like you.

    Dernier tour de piste. Le rideau rouge s’est abaissé.


    Le corps sans vie de la célèbre cantatrice Angela, a été retrouvé dans l’atelier technique de la gare de notre commune.

    C’est un agent SNCF qui a fait la macabre découverte. La victime était drapée dans un amoncellement de tissus tel un linceul.
    Même si la mort naturelle est très largement privilégiée, toutes les hypothèses sont étudiées par les enquêteurs. Une autopsie sera pratiquée afin d'en savoir plus sur les circonstances du décès. 

    L'annonce de la mort de cette femme qui a connu son heure de gloire a été un véritable choc dans le quartier et dans la résidence où elle vivait. Elle restera pour nous tous, une femme extravagante à la voix d’or.

     

     

     

     

    (*) Nina Simone : « Exactly like you »

    Tu me fais du bien, je veux te donner ce monde.

    J’attends chaque jour quelqu’un exactement comme toi.

     


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  • J'ai le plaisir de vous présenter le polar de Thierry TOUGERON.

    Pour l'aider à publier son livre, il lance un Appel à contribution pour son livre un polar dans la ville 
    A lire sans modération! L'histoire se passe à La Rochelle

     

    Pour en savoir plus :  http://fr.ulule.com/polardanslaville/


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