• Mes douces soirées à Maisons-Alfort (5ème partie)

    Nouveau héros du noir et blanc, Thierry la Fronde m’impressionnait beaucoup à manipuler cette lanière de cuir. Rangés en rang d’oignons (stratégie digne de l’armée américaine sudistes contre nordistes issue de la bande dessinée Lucky Lucke), chaque populace tenait son siège : seul un large fossé nous séparait. Au moyen âge, nous aurions catapulté des boulets ou encore versé de l’huile bouillante du haut des remparts. A Maisons Alfort, romano contre enfants inconscients que nous étions, s’affrontaient à coup de lance pierre. J’avais confectionné de belles frondes à l’aide de roseaux et ficelles. L’attaque fût imminente et dura plusieurs semaines. Les romano n’aimant pas la défaite, usaient de pierres de plus en plus lourdes et X fut blessé à la tête. Courageuse mais pas téméraire, je décidai de battre retraite et rendis les armes tel Jules César devant Astérix le gaulois.

    Vaincue mais jamais à cours d’idées, j’entraînai ma bande vers d’autres idéaux. Dépassant le petit chemin bondé de nos ennemis romano, nous découvrîmes – O joie – des champignognières. Jeux de garçons…jeux de vilains ! la puberté, ça travaille au corps. L’atmosphère humide et secrète des galeries sombres nous emportait de plus en plus loin.. les dédales des grottes n’avaient plus de mystères à mes yeux et nous nous y enfonçâmes avec peur mais sans reproches. Quelques bougies de fortune nous ouvraient la piste. Quelques mains au panier me rassuraient ! Rien de méchant : uniquement des tentatives  car j’étais le chef et un chef, ça se respecte ! J’avais pour force d’être seule à savoir retrouver  la sortie et fallait pas abuser sinon je les laissais choir sans pitié dans ce grand trou noir. Nous étions vraiment bénis des Dieux car un jour, la première grotte s’effondra, heureusement en notre absence. C’est donc avec dépit que nous nous retrouvâmes à l’entrée condamnée « fermée pour travaux ». Un trou d’environ 10m sur 10 faisait office d’accès direct….sauf qu’il y avait bien aussi 10m de profondeur ! Qu’allions nous faire face à ce piège ? Nous restâmes assis là, méditant…. calculant…

    Le terrain vague regorgeait de fortunes : ferailles, bouts de bois en tous genres, pneus epars et un peu de verdure. Mon instinct bricolo se dévoila soudain ! Ces planches là bas nous aideraient bien à masquer ce trou si dangereux…Nous allions faire notre B.A (Bonne Action ou Bande d’Abrutis..au choix), nous rendre utiles et cloisonner cette ouverture pour que personne ne puisse tomber dedans. Tels de vrais ouvriers, nous nous mîmes à l’ouvrage. Les premières planches installées et très fiers de notre boulot, nous décidâmes d’arrêter là et de reprendre le lendemain. Après une bonne nuit conseillère, nous voilà donc revenus sur les lieux, gais comme les 7 nains de Blanche Neige, sifflant pour aller travailler. Nos planches gisaient toujours bien alignées au dessus du vide et semblaient nous inviter à leur grimper dessus (les salopes !). d’un pas timide et en bon chef, je montrais l’exemple. D’ouvriers nous étions devenus funanbules. Magie des cerveaux d’enfants ! passer d’un rêve à un autre, sans souci, sans tabou. Objectif : atteindre l’extrémité de la planche sans tomber dans le trou. Les prémices se passèrent plus sur le cul que sur les talons mais sans bobo. Puis l’assurance nous gagnant, cette traversée de traverses devint du grand art. Nous passions agiles et souples dans un sens puis dans l’autre. Il n’y eut jamais d’accident. Nous étions tous des bons. Notre nouveau jeu s’arrêta sur dénonciation et la police nous délogea. Bonne roustre à la maison…sermons et sérénades ! Bon..tant pis, on trouvera un autre passe temps.

    Le dénonciateur avait un cerisier dans son jardin. L’escalade ne nous faisait plus peur !  Plutôt que de descendre dans les grottes, nous allions porter notre vengeance à monter dans l’arbre. Les épouvantails n’avaient plus la loi, les moineaux perdaient leur monopole…très vite, les cerises périrent dans nos bouches. L’excitation était à son comble car pour atteindre le fruit défendu, il fallait braver les barbelés. Nos chromosomes se régalaient jusqu’au jour où Maître délateur se sentant affronté, braqua son fusil à sel sur nos popotins, nous faisant tomber comme des mouches. Chutes, courses poursuite…notre adversaire finalement nous amusait. Nous revînmes tenter le diable à plusieurs reprises mais la leçon devait avoir une morale…Daniel eut les fesses criblées : une vraie passoire ! le sel le minait, le rongeait : il hurlait. Triste fin que d’avoir le coit perforé après un si bon festin ! Adieu cerises et escalades, adieu vieux grognard de délateur. Nous disparûmes du quartier à tout jamais.

    ...........18ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................

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  • Commentaires

    1
    Mardi 19 Septembre 2006 à 12:00
    bisous bonne semaine
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