• L’occasion qui fait le lardon

       Tiens ! Fr… le redoutable retente une entrée http://www.grisy.net/article-le-bonbon-qui-tue-38116885.html ! Comme je ne suis pas chienne, j’accepte à nouveau le dialogue. Nous échangeons quelques banalités, il semble se porter à merveille. « Tu fais quoi pour les vacances ? » « Ah ! tu sais, ma fille est partie vivre dans le limousin, je vais passer le mois d’aôut chez elle » « Tu aurais pu venir à Merlimont ! » « Mes enfants passent avant tout, j’ai toute l’année pour venir dans le pas de calais » « Bon, ok ».

    Je préparais avec bonheur ce voyage à la cité des agneaux. Il y a de la bonne viande là bas et des paysages magnifiques mais le plus beau de tout, le summum, c’était de passer un mois entier en famille. Mon fils devait également se joindre à nous. Depuis des lustres, nous n’avions pas eu l’occasion de prendre du bon temps tous ensemble et je me sentais légère et gaie.

    Le seul petit hic, était que I…. habitait dans la gendarmerie http://www.grisy.net/article-35274085.html . Je ne savais pas à quoi ça ressemblait et j’avais beaucoup d’à prioris, d’idées préconçues. Il faut dire que tous mes copains en âge de faire leur service militaire, avaient cherché mille solutions possibles pour se faire réformer ou bien, étaient devenus objecteurs de conscience http://fr.wikipedia.org/wiki/Objecteur_de_conscience . Nous étions dans les années soixante huit !

    J’arrivais au poste de garde. Ma fille les avait prévenus et la barrière se leva comme par enchantement. J’entrais dans un monde fermé mais joliment grillagé, tout de blanc crépités, les bâtiments étaient assez accueillants. L’aire de jeu des enfants formait un trèfle bien centré, bordé d’allées agréablement entretenues. Je n’avais vraiment pas l’impression d’être en milieu militaire. Les gendarmes et leurs épouses étaient souriants et décontractés, ça sentait le bien être.

    J’avais un peu honte de ma vieille bagnole que je garais aussi discrètement que possible.

    Ma fille logeait dans un appartement spacieux et clair, au premier étage. J’aimais révasser sur le balcon :

     

    Limousine

     

    J'ai vu dans les nuages

    Le nez de Pinocchio,

    Ah, Bellac !

    Bellac trahie par le petit chariot.

     

    Voyages, déplacements,

    Orages...... Oh rage.

    Campagne en tourments,

    Cheval de trait et compagnon d'âme.

     

    J'ai vu dans les nuages

    Des vagues immenses et si douces,

    Cheminant, entraînant dans leurs sillages

    Les surfeurs de la course.

     

    Ah Bellac ..... Oh lacs !

    Du fond de la vase flasque

    Nait le remou.

    Devant toi, Oh fée, je tombe à genoux.

     

    Tu sièges là sur la rive,

    Les ondes ondulent et dérivent.

    De ton passé si chargé,

    Tu hantes dans la brume levée,

     

    Matinale, la gente estivale.

    La clé des champs tu détiens,

    De la porte du paradis, tu reviens.

    Oh Bellac au vent qui claque !

     

    Ombres ombragées,

    Outrée jusqu'au clocher,

    Tu surplombes le ru,

    Le barrage tu mets à nu,

     

    Le chemin de halage

    Tu nous dévoiles.

    Serpents serpentants sous les dalles,

    ..... surprise, je détale !

     

    Sous la chaleur moite

    De la sente descendante.

    J'ai vu dans les nuages,

    Bellac l'envoûtante.

     

    Dès le lendemain, j’entrepris des ballades à pieds. Je m’habillais le plus correctement possible, avec mes moyens du bord, car chacun était bien soigné dans cet univers. Ma première découverte fut les cris joyeux des enfants sur les balançoires, juste avant de sortir pour affronter la ville.

     

     


     
    Jeux d'enfants

     

    Je longeais à petits pas

    L'arène en forme de trèfle

    Où les cris de joie

    Des enfants sonnaient telles des trompettes.

     

    L'arbre éléphant,

    Paisiblement barrissait

    Tout en me lorgnant.

    Je fus plongée dans mon passé.

     

    La petite fille aux yeux violets,

    Chevelure brune au vent, ondulée,

    Bravait tous les dangers

    Sur sa balançoire, envolée.

     

    Pirouette, cacahuète !

    A la limite du saut périlleux,

    Propulsée vers son espace céleste,

    Elle fit trois tours et hop ! Petite peste ...

     

    Sur le toboggan, la petite blonde

    Marchait, remontant le courant.

    Je fus saisie une seconde

    Par le souvenir, jambe cassée, de mon enfant.

     

    Mes yeux se posèrent sur le tourniquet

    Où jadis, j'attrapais le hoquet.

    Dans le petit train me cachant,

    Je revins au présent.

     

    Jeux d'enfants, jeux d'antan,

    Jeux joyeux, m'enivrant.

     


    Et je découvris Bellac et son clocher, les ruelles descendantes, le théâtre, le magnifique jardin de la mairie. Plus je me promenais et plus je m’aventurais dans des sillages chauds et colorés. Les vues de toutes part, m’incitaient à visiter de loin en loin, dans ma tête fusionnaient des mots, je chantonnais.

    Située à la frontière des langues d'oil et d'oc, Bellac mérite le détour !
    Des deux côtés de la nationale, des étendues de moutons et agneaux semblent vous sourire. Au détour de virages, les étangs et lacs foisonnent.
    Bellac, est riche en culture. Vous y trouverez entre autres, la maison natale de
    Jean Giraudoux. Celui ci déclarera "À Bellac, entrez je vous en prie dans la maison où je suis né… Et du second étage, vous devrez reconnaître bon gré mal gré, que c’est bien la plus belle ville du monde."
    Je vous recommande de descendre à pied la rue du coq (rue piétonne) jusqu'au petit pont de pierre, faisant un clin d'oeil à la
    rivière du vincou. Puis remontez (242 mètres d'altitude) par l'escalier de fortune qui vous laissera admirer sur votre gauche l'acqueduc. De nombreux sentiers serpentent à mi hauteur entre le vincou et la somptueuse église et ses orgues.

    Partout en France, des équipes de bénévoles donnent de leur temps, de leur sueur, de leur savoir. Pour le plaisir des yeux, pour agrémenter nos balades, pour faire perdurer le patrimoine, ces bénévoles mettent leur professionnalisme à notre disposition..... Chapeau !
    Je tiens donc à leur rendre hommage pour la merveilleuse journée que j'ai passée dans ces hauts lieux du Limousin.
    Destination  Mortemart, avec ma fille.  Je me gare sur le petit parking, entre la halle et le château des ducs. Une expo me tend les bras : de la poésie illustrée, des sculptures, des tableaux ....Je suis bien évidemment, fortement attirée par les textes de Patrick Ducrosillustrés majestueusement par Claude Soulat .
    Sur le côté du château, deux cygnes noirs  me saluent gracieusement, suivis de près par quelques cygnes blancs. Sur la droite, l'église romane nous accueille, simple et majestueuse, dégageant une force inexpliquée. Le balcon penche comme pour nous désigner les statues.
    Attenante à l'église, la mairie s'ouvre sur des espaces verts, de larges étendues de prairie aux paissent des chevaux dont la robe marron se marie parfaitement à cette sensation de paix.
    Je contourne, j'ose mes pas sur le sentier des moines. Une croix sur un monticule siège là,
    juste au dessus de la Vierge Marie, nichée en contrebas, seule dans ce pré sous une lande de roseaux bien alignés et bordant une demeure ... un palace !
    Annie, de 
    l'office de tourisme de Bellac, nous avait gentiment conseillé d'aller visiter Montrol Sénard,  à seulement un kilomètre de Mortemart. Nous continuions sur cette petite route montante pour découvrir un village, Oh combien charmant !
    Selon notre conversation, nous nous dirigions vers l'exposition "Nostalgie rurale", entièrement réalisée par ces bénévoles.
    Nous entrions dans un village authentique, reconstitué comme au début du siècle. Le sabotier sur ma gauche, me prêta son outillage
     tandis que ma fille cousait. Au passage, elle me fit une miche de pain, histoire de prendre des forces pour visiter la maison où vivaient chichement les villageois, tuant le cochon pour s'alimenter tout au long de l'année.
    Nous entrâmes dans un autre siècle, nous costumant d’habits d’époque restés là. Je ne peux qu'applaudir avec force les détails de cette vie ancestrale, relatés à merveille sur des panneaux accrochés aux murs. Il ne manquait rien : des recettes de porcs aux dictons, de la façon du porc à la poêle aux graillons ... Quelle belle leçon pour nous, citadins d'un monde de consommation. Ces gens étaient marqués par le temps mais tellement solidaires et heureux entre eux ! Pauvres mais honnêtes dans leurs pauvres maisonnettes. Je ne suis pas fière de notre nouvelle ère.
    Grandiosement enrichie par toutes ces informations, je savais désormais répondre aux questions
    sous l'oeil complice de ma maîtresse incarnée par ma fille pour l’occasion. Je retrouvais mes livres de grammaire et mon vieux dico, mon encrier, ma blouse !
    Ma maîtresse était jolie lorsqu'elle faisait son entrée et encore plus lorsqu'elle retrouvait son vélo pour nous entraîner vers les
     mégalithesnon sans nous avoir vanté la réussite au certif de ses anciens élèves.
    A tous les bénévoles de France et de Navarre ........ MERCI  
     

    ......... 327 ème épisode ............. à suivre .......... dans la catégorie "biographie"
    « Faire ses choux gras (de quelque chose)Un peu de culture »

  • Commentaires

    1
    Lundi 2 Novembre 2009 à 12:00
    Quelle description détaillée, tu nous donnes envie de visiter Bellac, un retour à une époque où l'on connaissait le sens des valeurs, et le poème sur les enfants, un éternel recommencement. Bonne soirée bisous
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