• L’école Raspail

    J’y ai fait les pires bétises : du vol à l’impertinence en passant par la débauche d’une classe entière. Et pourtant j’étais toujours parmi les mieux notées et même appréciée ! Je rends aujourd’hui hommage à ces instituteurs/trices qui, bien que malmenés, restent fidèles à leurs élèves et leur témoignent malgré tout beaucoup d’affection. Sans rancune….là aussi j’ai bien rigolé !
    Mon institutrice favorite parce que bonne à persécuter, s’appelait Mme Ourson. Comment se prendre au sérieux avec un nom pareil ? Elle : elle y arrivait.
    Un jour, ne me supportant plus, elle a violemment balancé mon cartable à travers la classe : imaginez speedy gonzales se prenant pour un boomerang ! Tel un aéroplane, mon joyeux copain de cartable a dépassé le mur du son….acclamé dans un vacarme foudroyant de rires d’enfants diaboliques, laissant sur le flan Mme Ourson qui se rendit et jeta les armes. C’était l’éducation de l’éducatrice : dès cet instant elle mis au panier sa vieille règle en bois qui lui servait de fouet et toute la classe est devenue raisonnable. On ne badine pas avec les enfants !
    Elle devint des plus charmantes et constitua un stock d’images qu’elle nous distribuait chaque jour, tant nous étions sages ! Voilà comment mâter les professeurs stupides : nos rires lui avaient démontré l’énormité de son geste et l’avaient rendue sociable, voire presqu’aimable (je veux dire digne d’être aimée) !
    Raspail, c’était aussi les jeux stupides des filles dans la cour. Il n’y a rien de plus bête qu’un troupeau de filles dans une cour d’école. Comme j’avais un caractère plutot masculin et que Raspail était devenue mixte, je jouais avec les garçons. Les filles chuchotaient et blasphémaient sur mon passage. Cela me faisait assez rire et très vite je devins le chef d’une horde de gars…alors là, mes vieilles…les griffes sont sorties ! parce qu’une fille, non seulement c’est gnan-gnan mais en plus c’est jaloux. Une d’entr’elles cependant faisait preuve d’intelligence et de simplicité : elle devint ma copine. Son nom ? son allure ? j’ai oublié. Elle était différente et adhérait à mes jeux : c’est tout ce qui comptait pour entrer dans mon amitié. Si j’ai tout oublié d’elle c’est sûrement pour fuir ce que je lui ai fait endurer par la suite. Il y a là un vrai blocage : je sais seulement qu’elle marchait à fond dans mes délires : j’avais trouvé un nouveau jeu, un défi à moi même (je n’ai alors que sept ans) : j’allais dépouiller l’école Raspail de ses fournitures scolaires ! Belle vengeance en perspective ….oter les moyens d’enseigner à cette institution archaïque et gallo-romaine. J’élaborais un plan : tous les jours, à petite dose, j’emportais chez moi les cahiers, crayons, gommes et principalement les supports de cours. La stratégie était simple et le jeu dangereux : accéder aux armoires et les vider, doser intelligemment pour que le stock ne baisse pas à vue d’œil, changer d’armoire chaque jour. Et comme je ne pense pas qu’à chaque jour suffit sa peine, je prenais un peu plus de risques à chaque vidage ! Ahhhh la belle librairie que j’avais montée dans ma chambre ! j’étais riche…riche et fière : objectif atteind.
    A la réflexion, nous étions trois sur le coup : la troisième s’appelait M.... J..... Elle habitait le même immeuble que nous. Elle était fine et haut perchée sur deux guiboles assez alléchantes qu’elle grandissait un peu plus en mettant des talons de grande Dame (au grand damne de ses parents). Elle portait des mini jupes et j’admirais son petit nez en trompette (le mien serait plutot du style grec). Autant nous avons été complices, autant nos « prises de gueule » faisaient trembler l’environnement.
    Un beau matin donc, fut annoncé à l’école qu’un voleur rôdait….pour ne pas attiser les soupçons, nous décidâmes de continuer notre petit trafic. Notre règle d’or était une maxime chopée dans l’hebdomadaire « Picsou » à savoir que « le meilleur moyen de passer inaperçu est de se faire remarquer ». Nous avions de sérieuses références ! c’était très logique : si les vols s’arrêtaient brusquement, cela signifiait que le voleur était au courant de cette annonce..alors nous n’avions pas le choix : il fallait continuer…cela nous excitait tellement !
    Les maximes de bandes dessinées ne s’appliquent pas à tous les cas et le corps enseignant n’est pas aussi dupe que nous le pensions : une fouille eût lieu dans ma chambre pendant que nous étions en classe. Pas besoin de chercher bien loin : mon étalage étincellait de fierté ! je vivais dans un petit paradis.
    De l’Eden au commissariat en passant par l’horrible cage du directeur, il n’y avait qu’un pas ! première confrontation, mes deux compères sous le bras, avec cette mégère de directrice…une vraie enquête de police ! faut dire qu’elle s’y croyait la bougresse ! elle prenait certainement son pied derrière son large bureau aussi large que sa connerie et beaucoup moins étroit que son esprit.
    Je m’en suis très bien sortie ! j’avais réussi à convaincre que M... et D... (ça y est, je me rappelle son prénom : l’écriture est un bon exercice pour la mémoire) m’avaient entraînée. Forcément elles étaient toutes deux provoquantes dans leurs vêtements alors que j’étais si douce et discrète ! l’habit ne fait pas le moine, c’est bien connu et pourtant les gens de savoir jugent sur l’apparence et çà : je l’avais compris depuis longtemps.
    Il paraît que j’avais des dons de comédienne : mon air angélique de chien battu aurait eu raison du plus vil des délits ! « la pauvre petite ! il ne faut pas la laisser dans cet entourage ! ». Alors bien sûr, on écarta mes deux complices et on me recommanda auprès de l’école religieuse à deux pas de là, juste sur le trottoir d’en face.

    ...........5ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 11 Juin 2010 à 12:00
    Et bien dis donc, on en apprend de belles ! Mais je n'ai rien à dire car j'ai aussi fait les quatre cents coups ! Bisous. Coryphee
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