• L’accouchement

    J’étais heureuse dans mon petit studio face aux buttes chaumont. J… venait me voir régulièrement ainsi que ma petite sœur Ghislaine. Je me laissais vivre car, à ce stade de ma grossesse, il eut été utopique d’espérer trouver un travail. Donc, je me suffisais du chiche mandat que tonton R…. m’envoyait mensuellement au titre de l’assurance vie de maman, qu’il avait placée en bons du trésor. Je n’étais absolument pas préparée, ni à l’accouchement, ni à materner. Ce sujet était tabou à la maison et mes parents sont décédés alors que j’étais trop jeune pour avoir été éduquée à la maternité. Quant à mes sœurs…..elles n’en savaient pas plus que moi sauf V….., qui de son Mexique se fichait bien de mes angoisses.  Je n’avais jamais consulté un médecin et ne savais pas que j’avais droit aux allocations familliales. Heureusement que ma grossesse se déroulait sans soucis. J…. pensait certainement que j’étais avisée de toutes ces choses et nous n’en parlions pas. Depuis quelques jours, j’avais très mal dans le ventre. J’étais au 8ème mois de ma grossesse. Je me disais que cela allait passer mais un soir, la douleur n’étant plus supportable, j’ai appelé le samu. Dans la panique, je n’ai pas pensé à prévenir ma petite sœur, ni J….. Le samu me transporte à l’hôpital Lariboisière car le plus près de chez moi. Manque de place ! on ne m’examine pas et on me transfère à l’hôpital Louis Mourier à Colombes, dans les hauts de seine. Diagnostic : vous êtes sur le point d’accoucher mais comment est ce possible ? vous n’êtes pas plus grosse qu’une pomme ?? je leur explique que je marche beaucoup et que mon alimentation n’est pas forcément adaptée. On m’attribue une chambre, on me bourre de tranquilisants, espérant que je passerais la nuit. Aucun médicament ne calmait ma douleur et je hurlais. J’étais en plus terrorisée. Comment je vais faire pour accoucher, moi qui tourne de l’œil à la moindre goutte de sang ? Et puis comment ça se passe un accouchement ? je pense, rétroactivement, que j’ai fait le maximum pour ne pas à avoir à accoucher car ce suplice a duré 3 jours et trois nuits. J’hurlais et n’accouchais pas………..Dame nature devait bien rigoler ! je ne pouvais pas rester enceinte ad vitam eternam ! La peur n’évitant pas le danger, mon fiston prit les devants et je me retrouve en salle de travail. Face à moi, la pendule indique 14h45. Nous sommes le 17 février 1973. A cet instant précis, on m’annonce une visite. Qui donc peut bien être dans la salle d’attente ? je n’ai prévenu personne. Ma sœur E….., certainement très intuitive, était venue du fin fond de son berry pour me faire un petit coucou. Ne trouvant personne rue des solitaires et les voisins lui ayant parlé du samu, elle comprit vite. Elle se rendit à l’hôpital le plus proche qui n’a pas été fichu de lui dire où on m’avait emmenée. Elle contacta tous les hôpitaux du coin et finit par trouver pour arriver pile poil ! comme un cheveu sur la soupe. L’accouchement s’est très bien passé : 15h. C…… est né, prématuré mais merveilleusement en bonne santé. Il n’est pas gros ! 2 kg 300. Il est grand ! 53 cm. D’office, on me le met en chambre chaude, à cause de son poids mais j’ai eu l’immense bonheur de sentir son petit corps chaud sur mon ventre. Un accouchement, c’est plus de plaisir que l’acte d’amour ! …….c’est l’pied ! On me laisse 2 heures en salle de repos, puis on me monte dans ma chambre. Je suis en pleine forme ! je pars direct prendre une douche. L’infirmière ne me trouve pas dans ma chambre….. panique à bord ! on me cherche partout. J’ai pris un sacré savon au sortir de ma douche « non mais, ça va pas ! on reste couchée après un accouchement ! vous auriez pu laisser votre peau sous la douche ! » « ah bon……..savais pas ». Je n’ai pas eu de conséquences. Je pétais tellement la forme que je m’ennuyais et puis rester allitée……ce n’est pas mon genre ! je ne supporte pas l’oisiveté. Alors j’ai commencé à me ballader dans l’hôpital jusqu’au moment où j’ai trouvé où se situait la chambre chaude. Je suis allée admirer mon bébé. Il portait un bracelet avec son nom. J’ai soudain eu un doute……..et s’ils s’étaient trompé de bébé ? je l’ai bien observé sous tous les angles et suis repartie rassurée, après avoir compté les doigts de pieds. Je ne sais pas pourquoi j’ai ce truc. A la naissance de ma fille en 1976, j’ai aussi compté les doigts de pieds.

    ...........47ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................    

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  • Commentaires

    1
    Lundi 4 Décembre 2006 à 12:00
    Nos accouchements sont toute une histoire, nous avons toutes des souvenirs précis sur ces moments de notre vie. Parfois des moments durs et parfois tendres. Un accouchement c'est toujours une aventure. J'ai quand même des souvenirs pénibles de cela. Bonne soirée
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