• J’ai préféré la rue du bac à l’examen du bac

    Retour au quartier latin où mes visites devenaient quotidiennes. Je commençais à me faire des amis de la rue et qui vivaient dans la rue. C’était un jeu pour moi. Je n’avais pas besoin de vivre dans cet état de pauvreté puisque j’avais tout à la maison et que nous habitions dans les quartiers chics de Paris. J’ai toujours aimé découvrir le comportement des gens. Pour ce faire, il fallait les cotoyer, s’adapter à leurs coutumes. Je me mis donc en quête de faire la manche avec eux (en quête de faire la manche………c’est pas beau comme expression ?). Je fus stupéfaite de voir le salaire qu’on pouvait se faire de cette façon là. Qui a dit que les français ne sont pas solidaires ? Nous mangions à notre faim et notre plus grand plaisir était de tremper des bagettes de pain dans une brique de lait………un régal ! J’en profite pour vous mettre en garde face à toutes ces femmes avec leurs enfants qui, sous une allure tellement apitoyante, vous soulèvent le cœur en tendant la main. Elles appartiennent à des réseaux et aucun centime ne leur profite. Il en est de même pour ceux qui vous accostent aux feux rouges. Il faut trouver le discernement et ne pas alimenter de telles arnaques. Certains sont vraiment en désespoir : nous devons savoir les reconnaître. Lorsque j’ai un doute, je ne donne pas d’argent mais de la nourriture. Celui qui accepte la nourriture a vraiment faim. Vous verrez que tous n’acceptent pas !

    Je ferme cette parenthèse pour vous dire qu’à m’insérer dans ces milieux – expérience des plus passionnantes – j’avais laissé tomber mes révisions pour le bac. Je cachais bien mon jeu. Le jour de l’examen, je me suis levée de bonne heure et ai feinté d’aller passer cette épreuve. Outre ma nouvelle vie de bohême, je pensais et voulais prouver que l’on n’a pas besoin d’un bout de papier pour réussir dans la vie. Donc, même si j’avais été sage, je ne me serais pas présentée devant l’examinateur. J’ai longé les quais de seine, dès potron minet jusqu’en fin d’après midi. J’ai rencontré des mecs louches qui ont tenté de m’emmener chez eux……..ben oui ! une jeune fille qui traîne le long des quais dans la brume, tôt le matin………c’est forcément une fille qui cherche ! tout du moins, c’était la mentalité des hommes à cette époque. Je ne me suis pas laissée faire. En rentrant à la maison le soir, maman était assise à son bureau. « Alors ? ça s’est bien passé ? ». Je l’ai regardée droit dans les yeux « je n’y suis pas allée ». Sur ces mots, maman ne se senti pas de joie et m’envoya droit au cœur ces quelques mots qui me poursuivent encore à ce jour « je te souhaite de travailler dur en usine, toute ta vie ». Elle avait raison ! j’ai trimé dur et plus que dur et suis actuellement encore en usine. Certes, j’y ai fait ma place et suis honorablement considérée à cette heure mais j’ai mis des années à progresser, alors qu’avec mon bac, je me serais orientée différemment et beaucoup plus aisément. Je n’ai pas aujourd’hui la vie que j’aurais dû avoir !  

    ...........35ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................  

    « CiceronRaymond DEVOS »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 11 Juin 2010 à 12:00
    On ne se rend pas toujours compte, parfois, que les études servent et serviront toujours à quelque chose... Bisous. Coryphee
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