.Je sentais le coup fourré, alors je réussis à  convaincre JL de ne pas trop charger le camion. S’il le faut, il reviendra achalander. Ainsi, en cas d’incompatibilité d’humeur (on va dire ça comme ça !), je limitais la perte.

Il faisait beau. Première halte au marché de Sens dans l’yonne http://perso.orange.fr/villedesens/photogderue.htm . C’est lundi et le marché se déroule tout au long de la journée. Nous y avons fait un carton ! Après une nuit passée au terrain de camping, nous avons arpenté la nationale 6 http://perso.orange.fr/nationale7/paris-lyon.n6/fontainebleauauxerre6.html . JL voulait faire encore plus d’argent et une conversation animée et emplie d’animosité s’engagea entre nous. Je ne comprenais pas ce besoin soudain de faire du fric très vite et je pensais que JL se prenait la grosse tête. J’abordais le sujet des taxes à payer et commençais à lui reprocher de trop investir, me laissant me dépatouiller seule avec les notes à payer. Je n’avais plus de quoi assurer et l’URSSAF commençait à s’impatienter. JL n’en n’avait que cure (….que cure…..ça ne fait pas un peu bizarre à prononcer ? on dirait déjà cocue ou cocasse………). Il me dit qu’il y avait bien une solution pour redresser le tir………. »on s’arrête quelques jours du côté d’Avallon et tu fais du bien aux camionneurs. Ensuite, on poursuit notre route ». Vous imaginez ma stupeur ! Il dépensait tout le pognon sans me rendre de comptes et pour combler un manque, voulait me faire faire le trottoir ! Le J7 tremblait de toutes parts, tant mes hurlements explosaient. J’aurais voulu être une petite souris et me sauver par l’aération du chauffage qui me narguait, me soufflant un air qui me dérangeait.

Je regardais la route défiler. Plus un mot……je fais la gueule.

Passé Avallon , toujours sur la nationale 6, JL propose une pause sur un parking, devant un bois. « Maintenant, tu n’as pas le choix. Je te laisse là et reviens te chercher en fin d’après midi ». Je n’ai effectivement pas le choix. Nous n’avons prit qu’un véhicule et nous sommes en rase campagne. Je ne peux pas le quitter maintenant……..pas trop envie de rentrer à Paris à pieds ! Je le regarde s’éloigner. J’ai la rage. Il n’avait pas passé le 1^er virage, qu’un camion me voyant là, stoppa « C’est combien ? ». Les larmes dans les yeux, je lui expliquais qu’il y avait erreur sur la personne. Il n’insista pas. Je partis me cacher dans les bois.

C’est incroyable comme le bouche à oreille fonctionne en province ! Tout l’après midi, j’ai vu défiler des paysans du coin…..des porcs ! ils connaissaient le bois à la perfection et me trouvaient. Je suis donc sortie de ma tannière, heureusement sans qu’aucun ne m’ai touchée. Je n’avais plus aucun lieu pour me protéger. Je n’avais plus qu’à attendre le retour du maquereau, restant sur le qui vive et expliquant que j’avais quand même le droit de me promener et qu’il ne fallait pas me confondre avec du boudin. Personne, non personne ne m’a touchée. L’instinct de survie est tenace chez moi et vues mes expériences passées, je savais esquiver mais quel choc moral ! Les heures, les minutes, les secondes prenaient de l’ampleur. Le temps semblait stagner.

Les paysans, forts mécontents, avaient prévenu la gendarmerie qui ne tarda pas à me rendre visite. J’eus droit à toute une enquête : d’où je venais, où j’allais, par quel moyen, etc……. J’avais trop honte pour dénoncer la situation et prétextais une ballade à cueillir des fleurs. Les gendarmes, pas dupes du tout, me mirent en garde contre les dangers d’une jeune femme en bord de route, me firent la morale et rentrèrent dans leur QG.

A la tombée de la nuit, JL réapparut. « Alors ? ça a marché ? »……… « Tu ne croyais quand même pas que j’allais tapiner pour tes beaux yeux ? Non, je n’ai rien fait, rien accepté. Je me suis cachée ».

Je repris place dans le J7. JL, fou de colère, démarra sur les chapeaux de roues………….

.........87ème épisode..........à suivre........dans la série Biographie.......................