• Extrait N°4 du récit "Un bien pour un mal", en cours d'écriture

    Extrait N°4 du récit "Un bien pour un mal", en cours d'écritureC’était assez surprenant vu que ce genre de demande n’émanait jamais d’elle. Anaïs ne se fit pas prier longtemps et souhaita que sa mère fasse suivre son Honda P50 rouge et blanc, en bagage accompagné. Ainsi elle se sentirait libre d’aller et venir à sa guise, les cheveux au vent. Sitôt arrivée, le frère de Christian revint à la charge mais Anaïs restait de marbre. Elle le revit cependant et ils purent discuter sereinement. Christian avait quitté l’armée et ne sortait plus de chez lui tant le chagrin le minait. Elle lui expliqua qu’elle n’était pas prête pour le mariage, qu’elle était trop jeune et avait envie de profiter de la vie. Il n’en prit pas ombrage, ce brave homme au cœur sincère. Il l’aimait tant qu’il acceptait le sacrifice. Le séjour se passait plutôt bien entre les cours de piano et les virées sur la pétrolette. Mamette faisait souvent venir le médecin, plus qu’à l’ordinaire mais vu son grand âge et les multiples opérations qu’elle avait subies tout au long de sa vie – ah oui ! Tous les dimanches, elle ratait la marche au sortir de l’église et bien souvent, c’était clavicule ou côtes cassées - Anaïs ne s’alarmait pas. Peut-être que Mamette avait besoin de compagnie ? D’ailleurs, dans un élan de générosité, elle avait vendu le rez-de-chaussée de la maison à un couple d’amis. Cela mettait un peu d’ambiance malgré le fichu caractère de leur fille qui n’aimait pas Saorra. Anaïs n’appréciait pas ces nouveaux venus. Couper ainsi la maison détournait le patrimoine de sa vocation familiale. Ce rez-de-chaussée était du temps des arrière-grands-parents, un bistrot. Cette maison a tout un vécu, une histoire depuis sa construction en 1904 environ. Mamette passait de longues heures à bavarder avec Odette sur la place du village. A l’arrière, il y avait une famille de commerçants épiciers et charcutiers. Lorsqu’ils préparaient leurs triperies, cela embaumait bien comme il faut et comble du bonheur, ils déversaient leurs déchets dans le jardin. Lorsqu’elle était petite, Anaïs ne prêtait pas garde à ce genre de détails mais désormais cela la dérangeait. Décidément, lorsqu’on grandit, nous avons une autre vision du monde. Le voisinage ne l’intéressait plus du tout alors elle se promenait et se promenait encore avec son Honda. On ne la voyait plus beaucoup dans les parages. Un midi, elle eut la surprise de voir sa mère débarquer. Quelle joie ! Elle travaillait tant que les contacts étaient devenus rares et Anaïs cherchait tous les prétextes pour l’accompagner dans ses voyages d’affaires mais il y avait un obstacle béton : l’école ! En fait, Emma était venue faire une visite éclair pour annoncer à Anaïs que Mamette devait se faire opérer d’une hernie et que par conséquent, elle serait seule quelques jours. Oh ! Ce n’était pas un problème, maintenant elle était grande mais bon, c’était bien de la préparer. Sa mère, bien que trop souvent accaparée par son travail, savait bien s’occuper de ses enfants. C’était une femme de grande classe et de grande qualité. Mamette était une habituée des billards, l’affaire serait vite réglée. Emma retourna à ses affaires, persuadée que cette opération serait une broutille. Le lendemain, le taxi était devant la porte et Mamette s’installa à la place du mort. Anaïs les suivrait sur son Honda. Mamette ouvrit bien grande sa fenêtre et prit la main d’Anaïs. Elle avait les larmes dans les yeux « Tu sais, je ne reviendrai pas ». Ce regard était un supplice tant la tristesse était profonde. Anaïs tentait de la réconforter mais en avait gros sur la patate. Mamette, elle si forte, craquait. C’était forcément à prendre avec respect. C’est avec beaucoup d’émotion qu’Anaïs accompagna sa grand-mère jusque dans sa chambre à la clinique de Prada. Elle resta un moment à ses côtés et promit de revenir le lendemain, une fois l’opération terminée. Sa nuit fut assez agitée. En fin de matinée, impatiente, elle courut acheter des fleurs et chevaucha son Honda. Je crois qu’elle n’avait jamais poussé sa pétrolette à si fort régime. Arrivée à la clinique, on lui dit que l’opération s’est bien passée et que Mamette l’attend. Elle grimpe les escaliers quatre à quatre et trouve une mamie en pleine forme, assise sur son lit et mangeant des petits gâteaux. Ouf ! Quel soulagement. C’est qu’elle est costaud la Mamette ! Ravie, Anaïs s’en retourne à Saorra mais déchante bien vite. Odette lui annonce que la clinique a téléphoné : Mamette vient de décéder d’une embolie.

    Voici Emma qui perd son mari en 1965 et sa mère en 1970. Il lui reste bien un frère mais c’est un vrai cauchemar, un ancien d’Indochine. Mamette a toujours été très injuste avec sa fille. Elle chouchoutait le petit frère qui se montrait diabolique. Combien de fois Emma a-t-elle déboursé de grosses sommes pour réparer ses dégâts. Cet ours mal léché a même volé le premier salaire de Violette - sa nièce - alors qu’Emma l’hébergeait. Elle a dû aller jusqu’à Hypothéquer la maison de Saorra et voici, au décès de Mamette, monsieur avait disparu. La succession était impossible à régler sans pertes et fracas. Cette belle et grande maison devenait maudite. Emma devait en plus, libérer l’appartement que Mamette louait à Nice. Elle y vivait six mois de l’année en compagnie d’une amie indochinoise. Elle était drôle cette petite bonne femme et ne jurait que par les vertus du chou. Emma donc, dut vider l’appartement de ses meubles et lingeries, éternellement seule évidemment et gérer l’enterrement de sa mère qui se fit à Nice dans le même caveau que le Grand-père. Des frais, des frais, des frais… l’argent est un fléau dans cette famille. Les recherches pour retrouver le frère restant infructueuses, la maison de Saorra fut mise en vente aux enchères et je vous le donne en mille ! C’est Emma qui racheta son propre héritage. Le patrimoine, du moins ce qu’il en restait, était sauvé...

     

    à suivre !

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 7 Janvier 2018 à 08:43
    J' ai manqué le début pendant ma pause mais ce que j'ai lu me donne envie d'aller voir. Douce année et bisous Arielle
    2
    Dimanche 7 Janvier 2018 à 13:08

    Un roman dans lequel je m'installe avec toujours ce même plaisir. 

    3
    Vendredi 12 Janvier 2018 à 18:33

    Salut

    J'arrive . Je suis en retard mais je vais rattraper.

    Bon week-end

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    4
    Dimanche 14 Janvier 2018 à 15:51

    On a du mal à suivre si on ne note pas qui est qui. Mais c'est palpitant, on a envie de savoir la suite. Merci Arielle.

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